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César Franck par Cédric Tiberghien et François-Xavier Roth

Cet enregistrement consacré à la musique pour orchestre de voit la collaboration de deux étoiles montantes des  interprètes français : le chef d'orchestre et le pianiste . Laissant (enfin !) de côté la célèbre Symphonie en ré mineur,  ces deux artistes de grand talent se penchent sur des poèmes symphoniques et les Variations symphoniques, œuvres moins pratiquées au disque et au concert.

Le travail orchestral dont cet enregistrement est le témoin est tout simplement passionnant. Sans nul doute, l'expérience accumulée par à la tête des Siècles lui a donné l'amour des timbres, tant chaque pupitre est différencié. Les bois ont une voix claire et indépendante, même lorsqu'ils se mêlent entre eux, les double-cordes des violons grincent, les cors bouchés nous plongent enfin dans la fosse couverte de Bayreuth. Le résultat global est ainsi doté d'une patine qui épouse admirablement le répertoire interprété.

La vision des œuvres est elle-même très claire, et la musique créée les ambiances propices aux divers récits : bucoliques et sombres pour le Chasseur maudit, par ailleurs magistralement interprété, torturée et mystérieuse pour les Djinns. Quelques passages témoignent néanmoins d'une certaine raideur, qui nous rappelle si besoin en était les collusions entre le style franckiste et les esthétiques germaniques. Les Éolides sonnent, quant à elles, de façon plus légère, un peu à la manière d'un scherzo de Mendelssohn, ce qui est absolument parfait !

La collaboration avec se révèle enfin idéale, tant son jeu s'adapte aux divers contextes dans lesquels son instrument est requis. Tantôt véloce et mystérieux dans les Djinns, où le piano se situe à mi-chemin entre complément de l'orchestre et véritable soliste, il prend la véritable mesure de sa place dans les Variations.  La technique sans faille du jeune pianiste rend compte des divers aspects de l'œuvre, entre dramatisme, exaltation, contemplation extatique (délectable sixième variation !) et enfin propos plus badin pour le final. Tiberghien maîtrise la partition d'un bout à l'autre et trouve en un partenaire attentif, qui mène l' par le bout du nez, tant pour le bien de la musique que notre plus grand plaisir.

Il n'y a pas de concurrence, sur le marché discographique, pour ce programme intelligent et qui fait honneur au patrimoine musical français. Dans les partitions pour piano, Thiberghien surpasse haut la main, le récent enregistrement du toujours décevant et fade (Naïve).

 

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