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Offenbach mythique et archéologique

L'INA n'a décidément pas la fibre commerciale, car sous cette pochette quelconque, sans nom de metteur en scène, de décorateur, de costumier, ni même de notice, se cache la mythique production de la compagnie Renaud-Barrault !

Créé en 1958 au Palais-Royal, souvent repris, et finalement enregistré en 1967 pour la télévision, avec une distribution renouvelée, ce spectacle reste encore un fleuron de l'interprétation offenbachienne. A rebours de la mode actuelle, priorité est donnée au texte, ni raccourci, ni réécrit, et qui passe encore très bien ainsi. Il est vrai que la distribution est composée d'acteurs, mais quels acteurs ! Ces noms ne diront peut-être rien aux jeunes générations, mais quel plaisir d'entendre distiller le rôle du baron de Gondremarck par Pierre Bertin, ou celui de Raoul de Gardefeu par , sociétaires de la Comédie-Française, tout comme Georges Aminel. et Jean-Pierre Granval, également issus du monde du théâtre, ne leur cèdent en rien, et Simone Valère possède un charme fou. Quand à Jean Parédés, si souvent vu sur les écrans de notre enfance, il est tout simplement hilarant dans les trois rôles de Frick, Prosper et Alfred.

Du côté vocal, ça ne se passe pas si mal, c'est une question d'abattage, de fréquentation des planches. est audiblement passée par une école d'art lyrique, les autres poussent la chansonnette sans prétention, mais avec beaucoup de rythme et de chic. dirige sans histoire la réduction pour petit orchestre qu'il a lui-même concocté.

De nos jours, et surtout depuis les travaux de , Offenbach a tendance a être sacralisé au plan musical, chaque note écartée par les générations précédentes ou par le compositeur lui-même sont soupesées, analysées, ajoutées à la partition (quoique dans le cas de la vie parisienne, on ne donne toujours pas l'acte dit « de madame Quimper-Caradec » qui ajoute beaucoup à la compréhension de l'action) Les plus grands chanteurs se disputent l'honneur d'interpréter ses œuvres, et tout cela est très bien, sauf que c'est quelquefois au détriment de leur loufoquerie et de leur joie de vivre. On se souvient qu'Offenbach avait menacé son interprète fétiche, Hortense Schneider, de la renvoyer si elle prenait des cours de chant. Et si la vérité était entre les deux ?

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