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Verbier Festival 2011, ouvertures orchestrales

L'inauguration du 2011 (dix-huitième édition de la manifestation alpestre), en présence de la présidente de la confédération helvétique, Micheline Calmy-Rey, mettait, comme toujours, à l'honneur l'orchestre du festival dirigé par son chef : le Suisse .

Composé d'étudiants rigoureusement sélectionnés lors d'une série d'auditions et renouvelée par tiers chaque année, la formation festivalière bénéficie d'un encadrement professionnel optimal (des musiciens du MET de New York). Dès lors, ces jeunes peuvent se lancer, crânement, à l'assaut des Everest de la musique symphonique. Invité de marqué pour un Concerto n°2 de Brahms très attendu, le légendaire n'a pas failli à sa réputation.

Son Brahms,  en nuances et en clair- obscur, reste un modèle d'intégrité, d'humilité musicale mais aussi d'intelligence. , bien que souffrant, se montre un accompagnateur attentionné qui canalise des forces orchestrales enthousiastes. Dans Petrouchka, joue à domicile dans une musique qu'il a toujours servi avec amour et dévotion (ses enregistrements Stravinsky publiés chez Decca restent des références). Sa lecture très concentrée sur la mise en place et la précision met en avant un orchestre presque infaillible dans ses solistes et ses tutti. Il manque peut-être un peu de folie juvénile, mais le chef souffrant, préfère se concentrer sur la structure rythmique de l'œuvre. Il n'empêche, l'enthousiasme et l'énergie instrumentale forcent le respect et font déjà du « cru 2011 » du Orchestra, un excellent millésime.

Les meilleurs musiciens du Orchestra sont invités à se produire avec l'Orchestre de chambre dont la direction est assurée par Gabor Takács-Nagy. Le long programme de leur premier concert offrait une grande curiosité : la prestation de l'inattendu dans le Concerto de Beethoven. Vu de France et de Belgique, est plus considéré comme une rock star (dont il cultive le look un peu caricatural) de cross-over que comme un artiste purement classique.

Pourtant, en dépit de disques qui sortent des sentiers battus, reste un musicien classique…assez intéressant. Son Concerto de Beethoven surprend mais finit par convaincre à l'exception d'un « larghetto » trop lent. Le son, un peu granitique, du violoniste reste basé sur une technique solide et l'artiste se plait à dialoguer avec l'orchestre (et à éviter la parade solistique trop souvent entendue dans cette œuvre). D'ailleurs, il se place scéniquement plus comme un musicien issu de l'orchestre que comme un soliste. L'orchestre répond au quart de tour à cette vision, parfois retenue, parfois exubérante (avec un final échevelé), mais en, conclusion, l'auditeur reste conquis par ces partis pris.

En introduction,  Gabor Takács-Nagy avait laissé ses musiciens faire briller une Symphonie n°4 de Beethoven, presque chambriste par l'écoute mutuelle des instrumentistes mais vigoureuse et colorée. Changement radical de style avec la Carmen Suite de . Certes, cette pièce flirte plus d'une fois avec une certaine idée du kitsch soviétique, mais en concert, elle fait son effet. Le chef reste très pudique et évide de trop en faire en évitant certains effets  spectaculaires et appuyés. L'idée est défendable, mais dans une telle œuvre, elle n'en reste pas moins trop conceptuelle.

Crédits photographiques : Freire et Dutoit © AlinePaley; David Garrett © Nicolas Brodard

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