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Oresteïa de Xenakis, tragédie grecque à Montpellier

Placée sous un triple hommage (René Koering pour ses 25 ans de festival, Georges Frêche pour son action en politique culturelle et , décédé il y a 10 ans), cette production de l'Oresteïa par le Centre d'art vocal d'Athènes réunissait les forces musicales des soeurs ennemies du bassin méditerranéen oriental, la Grèce et la Turquie.

Il est stupéfiant de constater à quel point Oresteïa, partition vieille de 45 ans (moyennant quelques retouches dans les années 80 pour sa création intégrale) a gardé sa force émotionnelle intacte, alors que tant d'autres œuvres contemporaines n'ont pu supporter le poids des ans. Toutefois Oresteïa reste une musique de scène, difficilement viable en son intégralité sans support visuel. La première partie, Agamemnon, désespérément statique et musicalement la plus complexe, peine à décoller. accuse, surtout dans tous les passages en falsetto, le poids des ans. Spécialiste incontesté de cette œuvre, la voix ne suit plus malgré le soutien percussif de .

L'action peu à peu emporte l'adhésion d'un public venu en masse – l'immense Corum affichait complet – avec l'intervention trop courte de deux danseurs figurant Electre et Oreste. La spatialisation sonore – le chœur masculin entourant le public à l'orchestre en maniant divers sifflets et percussions – aide aussi à entrer au cœur de la tragédie et d'un rite sauvage et paganiste. En revanche , figurant Athéna devant l'aréopage dans Les Euménides, est inaudible.

Bien qu'un sous-titrage aurait été le bienvenu (d'autant que la prononciation académique française du grec ancien n'est pas celle utilisée à Athènes), Oresteïa, malgré la vaillance de ses interprètes – excellents chœurs et direction précise de – souffre de l'enfermement dans le Corum. Xenakis a écrit indubitablement sa partition pour une exécution en plein air, pour un espace sonore ouvert et non confiné. Mais Oresteïa est si rarement donné que ces quelques défauts n'ont en rien entamé le plaisir du public.

Crédit photographique : © Luc Jennepin

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