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Les opéras d’Alessandro Scarlatti, un patrimoine à redécouvrir

Si les oratorios et les cantates d' ont été relativement bien servis par le disque ces dernières années, les œuvres scéniques ont en revanche été injustement négligées.

Ainsi, parmi les opéras, seul Griselda semble avoir connu, grâce à René Jacobs et à ces interprètes, les honneurs du CD ; on se souvient également des deux versions parues autrefois avec en tête d'affiche l'exquise Mirella Freni, captée en 1960 sous la baguette de Bruno Maderna, puis en 1970 avec Nino Sanzogno.

C'est donc à un programme essentiellement inédit que nous convient Daniela Barcellona et le Concerto de' Cavalieri dirigé par son chef attitré, . Le projet, destiné à célébrer le 350e anniversaire de la naissance du compositeur, repose ainsi sur une intelligente sélection d'airs choisis parmi les six derniers opere serie de Scarlatti, commandés soit par le théâtre Capranica de Rome – Télémaque (1718), Marco Attilio Regolo (1719) et Griselda –, soit par le San Bartolomeo de Naples – Tigrane (1715), Carlo, re d'Allemagna (1716) et Cambyse (1719). Chaque ouvrage se voit représenté par sa symphonie d'ouverture  – sinfonia avanti l'Opera – ainsi que par trois airs judicieusement choisis afin de donner de ces opéras, écrits sur des livrets des plus illustres auteurs de l'époque – Apostolo Zeno, Francesco Silvani, Domenico Lalli, Matteo Noris, Carlo Sigismondo Capeci – la vision la plus complète possible. La notice particulièrement fournie du chef d'orchestre permet d'ailleurs de mieux apprécier la variété et la richesse de ces dix-huit airs, ainsi que la subtilité d'écriture d'un compositeur jugé en son temps difficile, voire même hermétique, en raison justement de ses audaces structurelles ou harmoniques.

Que serait le monde lyrique actuel sans la présence d'interprètes comme Daniela Barcellona, qui écument soir après soir les salles d'opéra de la planète, rendant possible la représentation des grands ouvrages de Haendel et de Rossini ? L'année dernière encore, l'Opéra-Garnier a pu apprécier dans La donna del lago, aux côtés de Flórez et DiDonato, cette ample et puissante voix de contralto capable de vocaliser sur toute l'étendue de son registre et de faire plus que bonne figure auprès de ses plus illustres partenaires. On retrouve sur ce CD les qualités de timbre et les capacités de coloration de cette artiste, mais l'enregistrement fait aussi apparaître les défauts d'un organe décidément davantage adapté à la scène qu'au studio : légère instabilité vocale, intonation parfois hasardeuse, ruptures de registre occasionnelles. Mais l'interprète déborde d'énergie et de force de conviction, ce qui dans ce répertoire prime sans doute avant tout le reste.

Excellente prestation également de l'ensemble et de son chef attitré, et qui laisse espérer que les firmes discographiques vont dans un avenir très proche se pencher plus avant sur les opéras injustement délaissés d'.

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