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Hommage musical à Molière et au rire français à La Chabotterie

Une fois passés les champs de maïs, puis d'élégantes bâtisses entourées d'un charmant jardin, nous voici dans la cour d'honneur du logis, un cadre fort agréable. Ce n'est pas un simple concert-spectacle, mais aussi une atmosphère, un lieu accessible avec un nombre de places – toutes occupées – de dimension humaine. Rien de guindé, simplement de la bonne humeur. Ce cadre est en outre propice à des jeux de scène, avec ses fenêtres et son puits. Deux acteurs viennent même se cacher du regard du troisième… devant la scène, derrière un petit arbre !

Le spectacle d' ne revendique ni authenticité ni recréation historiquement informée, mais se rattache plutôt à un certain esprit français. C'est un rire bien « gaulois » que font tinter les acteurs-chanteurs, parfois grivois, farcesque, mais aussi ponctué de traits plus fins. Bien que dirigeant de la flûte, lui-même n'est pas en reste, avec des pointes qui fusent et des apostrophes au public qui émaillent le spectacle. Ces saillies et traits d'humour sont précieux, le va-et-vient qu'ils créent avec l'auditoire insuffle une touche personnelle, une relation plus directe : le spectateur se sent impliqué.

Les trois chanteurs font valoir des talents de comédien qui contribuent à servir le spectacle, notamment le fringant haute-contre Romain Champion, qui campe des personnages sémillants à souhait. La diction de Vincent Bouchot est particulièrement remarquable, ainsi que le timbre chantant de la basse Florian Westphal. Ils rivalisent de qualités expressives, de musicalité, d'écoute et se soutiennent mutuellement. La répartie finale de l'imperturbable médecin Marphurius et l'irruption des deux archers sont d'excellents moments, sans oublier certains jeux de scène de l'alerte Géromino ou de Polichinelle. Les instrumentistes concourent aussi à la réussite de ce spectacle musical, avec un accompagnement attentif, tout en finesse, et un équilibre savamment dosé entre leurs parties et celles des chanteurs. Les préludes font ressortir la délicatesse et la sensibilité de chacun.

Le titre de « mise en espace » de cette dernière sérénade moliéresque pourrait presque être remplacé par « mise en scène ». Et lorsqu'on apprend qu'il ne s'agit que du deuxième essai d' dans cette direction, on attend le prochain avec impatience. Il n'est en effet pas évident de donner une cohérence à toutes ces scènes, du sombre prologue aux joyeux intermèdes. On imagine que saura aussi exploiter les ressources de salles de théâtres équipées, par exemple avec une création lumière qui pourrait insuffler une autre forme de continuité, si le spectacle devait encore tourner – ce que l'on espère. Et d'ici là, on guette la sortie prochaine du disque.

 

Crédit photographique : © Festival de La Chabotterie

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