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Les Quatuors de Chostakovitch par les Mandelring : une intégrale sans douleur

Les 15 quatuors à cordes de s'imposent comme le corpus le plus important du XXe siècle (quantitativement, du moins). L'ascension de ce sommet a donné lieu à une abondante discographie marquée, au rang des intégrales, par les quatuors Borodine (Melodiya/BMG), Emerson (DGG), Fitzwilliam (Decca) et Danel (Fuga Libera, Clef ResMusica) ; les Français signant le cycle le plus accompli de leur décennie, voire de l'Histoire. La gravure de Sebastian et Nanette Schmidt (violon I et II), Roland Glassl (alto) et Bernhardt Schmidt (violoncelle) –les musiciens du - n'apparaît en comparaison « que » comme une (bonne) version de plus.

Déjà disponible en volumes séparés, voilà leur interprétation regroupée  dans un coffret accompagné des commentaires compilés des notices déjà publiées. En termes de beauté plastique, cette lecture n'a rien à envier aux Emerson ou aux Danel ; tout ici apparaît comme techniquement parfait. De l'intonation à la prise de son en passant par la mise en place, ces quelques six heures de musique baignent dans un confort sonore irréprochable (ce qui explique sans doute que les albums aient tous été bardés de récompenses par la presse germanique et anglo-saxonne). Si la perfection n'a jamais empêché l'émotion, la présente intégrale a pour principal défaut de ne pas souvent explorer la profondeur psychologique que l'on entend trouver dans la plupart de ces pages. Si l'on appréhende ce cycle comme le journal intime musical du compositeur, la formation allemande ne fait que lire (avec aisance) l' autobiographie d'un homme dont elle ne tente pas de vivre les expériences –ce que les Borodine et Danel ont fait.

Sans pour autant être passifs -on se trouve souvent emporté par leur élan- les musiciens ne bouleversent jamais vraiment l'auditeur et donnent l'impression de ne pas vouloir (se) faire mal. Sans réellement surprendre ou remettre nos certitudes en question, le se montre trop prévisible. Par conséquent, l'audition de quelques pages permet d'anticiper l'intégrale dans son ensemble. En somme, on ne trouvera pas ici de quoi délaisser les références susmentionnées mais, peut-être, une version mieux indiquée pour une découverte « en douceur » d'œuvres pouvant être autrement chargées en émotion(s), en cris rageurs et en douleur que dans cette lecture.

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