Eclos sur la scène internationale presque en même temps que le ténor mexicain Rolando Villazon, la carrière de Joseph Calleja reste aujourd'hui encore bien en-deçà de ce que son talent pourrait prétendre.
Si sa discographie demeure limitée, si ces apparitions sont rares (en Europe, pour le moins, même si l'on annonce un concert parisien en novembre prochain), le ténor n'en reste pas moins l'un des meilleurs représentant actuels du bel canto.
Dans ce troisième album, Joseph Calleja aborde le grand répertoire lyrique. On y retrouve sa très belle voix au vibrato court mais aujourd'hui mieux contrôlé. Une voix reconnaissable entre toutes qui au cours des ans s'est considérablement ouverte. Avec une parfaite maîtrise des notes de passage, l'aisance vocale semble lui sourire particulièrement dans le répertoire français avec un Ah ! Fuyez, douce image de la Manon de Massenet très émouvant.
Par contre, sa prestation des airs de Verdi convainc moins. La comparaison d'avec l'un de ses premiers enregistrements confirme cette impression. Si la voix, comme nous le notons plus haut, s'est embellie, l'implication artistique du ténor semble faire défaut dans cet album. La faute peut-être à la direction peu brillante et spécialement molle de Marco Armiliato. En effet, le pourtant superbe Orchestre de la Suisse Romande apparaît terne, parfois même étouffé. Ses cordes manquent de l'italianité triomphante qu'on attend des musiques verdiennes. La prise de son lointaine de l'orchestre par rapport au soliste, la réverbération excessive, n'arrange rien à l'affaire.
Dommage, parce qu'avec la rareté de ses enregistrements (trois cd en huit ans !), on pourra regretter que ce dernier opus ne soit pas aussi enthousiasmant qu'espéré.