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Aleksandra Kurzak, une révélation

Les photos que la soprano polonaise dispense sur son site internet montre l'empreinte marketing indélébile initiée par Anna Netrebko, la star russe des scènes lyriques. Poses lascives, recherche dans le regard, tout est réuni pour la vente du nouveau « produit » vocal. Et le voici dans les bacs des disquaires.

Un album réunissant tous les tubes qu'une jeune soprano chantera dans ses prochaines années. De Rosine du Barbier de Séville à Lucia di Lammermoor, de Violetta de La Traviata à l'Elvira des Puritani en passant par la Musetta de La Bohème, tout y est. A se demander ce qu'elle pourrait bien chanter d'autre pour affirmer son originalité. Mais derrière cette démarche strictement commerciale, derrière l'emballage, il y a un contenu.

Avec son Una voce poco fa du Barbier de Séville, prend l'auditeur de court. La voix est d'une étonnante maturité, d'une sûreté d'émission étonnante. Certes, les rossiniens purs et durs opposeront à son interprétation un discutable respect de l'esprit rossinien tel qu'on le pratique de nos jours mais, entendre Maria Callas dans l'air de Rosine n'était-il pas antinomique avec le même esprit ? C'est la même impression qui surgit avec . Elle s'empare de cet air avec une audace extraordinaire faisant de cette rengaine enregistrée des milliers de fois, le chant d'un véritable personnage de comédie.

On retrouve la comédienne chantant un très beau Regnava nel silenzio de la Lucia di Lammermoor où émergent quelques étonnants accents callassiens. Et quelle santé ! Une voix qui semble ne pas avoir de limites, et dont les passages du registre médium à l'aigu est totalement dominé. Et puis, chose rare chez une jeune interprète, elle sait ce qu'elle chante. Sachant moduler, elle colore son instrument pour donner la réalité du personnage. Surprenante dans l'audace de ses vocalises, elle affiche une insolente aisance vocale.

Ecoutez-là encore dans son Caro nome du Rigoletto de Verdi, la douceur avec laquelle elle termine sa romance la propulse au niveau des plus grandes interprètes lyriques du rôle.

En résumé, avec cet album sortant sans grand tapage médiatique, on découvre une véritable révélation. Avec ce que le marché du disque nous offre actuellement, difficile de ne pas faire de comparaisons. Si la voix d'Alksandra Kurzak est aussi belle que celle d'Anna Netrebko, son chant reste beaucoup plus intéressant que celui de la star russe en ce sens que ses interprétations sont pétries d'une intelligence et d'une évidence rares chez une artiste si jeune.

Un must absolu !

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