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Beethovenfest I, le triomphe de l’orchestre de Pittsburgh !

Bonn n'a plus souvent la possibilité de se présenter comme une capitale de la musique classique. La ville est d'autant plus fière du « Beethovenfest », organisé chaque année à la rentrée et attirant les plus grands stars du monde entier. Ainsi, pour l'ouverture de l'édition 2011, on avait invité le sous la baguette de son directeur, , et, en soliste, .

Pour ouvrir le programme, la grande violoniste avait choisi une œuvre contemporaine, écrit pour elle et créée tout récemment, à l'automne 2010 à New York. « Lichtes Spiel » de Wolfgang Rihm devait être une pièce d'inspiration mozartienne, mais finalement Mozart nous semblait plutôt loin. Néanmoins ce concerto très lyrique, largement dominé par la partie soliste, développe un charme très particulier. Mutter, qui joue cette pièce la partition sous les yeux, affronte crânement les prouesses techniques que lui a réservées le compositeur, et cela sans jamais sacrifier la beauté du son. L'orchestre et le chef n'ont qu'à suivre.

S'ensuit une interprétation très personnelle du fameux concerto de Mendelssohn. Très loin des interprétations romantiques et légères, voire un rien « kitsch », que l'on entend souvent, elle tire cette œuvre envers Brahms ou Tchaïkovski. Expressif, dramatique, son jeux semble déborder d'énergie. Certes, Mutter sait faire chanter son instrument dans la plus grande douceur. Mais elle ne le fait pas trop souvent. Elle varie plutôt les couleurs, joue avec son et vibrato, pour éviter à tout prix que cette musique sonne facile. Même le finale, simplement jubilatoire dans beaucoup d'interprétations, reçoit ici une force dramatique inouïe.  Et là encore, l'orchestre n'a qu'à suivre…

Il faut donc attendre la deuxième partie pour apprécier pleinement l'excellence des invités américains et la classe de leur chef. Pour le dire tout de suite, ils offrent une lecture d'anthologie de la Symphonie n° 5 de . Sans aucune faiblesse dans aucun pupitre, l'orchestre brille de tous feux (avec une mention particulière pour le cor solo !). Tout y est dans cette interprétation : la sauvagerie du premier mouvement, la force dramatique du deuxième, le charme viennois pourtant tordu du Scherzo, la profonde mélancolie du fameux Adagietto et l'exubérance du finale tellement joyeux que l'on finit par ne plus y croire…

Evidemment cette performance est saluée d'une interminable ovation – malgré le fait que le concert avait déjà duré trois heures.                                                                                               Photo : et © Barbara Frommann

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