Violoncelle et accordéon : l'association de ces deux instruments est inattendue, même si les cordes – du violon – sont constamment présentes dans des musiques dites populaires de l'Europe de l'Est, notamment « tziganes ». Mais le violoncelle a une tessiture très étendue et différentes techniques lui permettent des possibilités sonores parfois étonnantes. Cet enregistrement est parsemé de ces effets piquants, voire étranges, jusqu'à faire oublier qu'il s'agit bien d'un violoncelle. Et les sons ainsi produits s'harmonisent parfaitement avec le timbre mélancolique de l'accordéon, surtout sur des mélodies nostalgiques, par exemple de la partie lente d'une rhapsodie hongroise.
La présence, abondante, de jeunes compositeurs est une autre particularité de ce disque. Krystof Maratka, Jocelyn Mienniel, Mathieu Neveol, Samuel Strouk, ainsi que Kristian Schott, sont tous nés à partir des années 1970. Sur la base d'une tradition millénaire, ils recréent ces musiques avec des touches personnelles (Baïkal de Mienniel) ou la modernité du XXIe siècle (Rêve de Neveol), ou les deux. L'exercice est plus que réussi.
Côté interprétation, la virtuosité des deux musiciens est époustouflante. L'auditeur aura immanquablement le souffle coupé à la fin du Medley sur des thèmes roumains (d'après des improvisations de Stephane Grappelli) ou de la Rhapsodie hongroise de David Popper. L'exécution véritablement impressionnante de cette dernière pièce, dont Franz Liszt a d'ailleurs utilisé les mêmes thèmes dans plusieurs de ses Rhapsodies hongroises, évoque tout naturellement György Cziffra à son apogée. Les parties lentes, d'une profondeur indescriptible, sont également remarquables.