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Maxim Rysanov : petits arrangements entre amis

Nombreux sont les compositeurs à s'être essayés avec plus ou moins de réussite à divers arrangements d'œuvres de . A la demande de , Dobrinka Tabakova, née en Bulgarie en 1980, a adapté la célèbre sonate Arpeggione pour alto et orchestre à cordes. Si à l'heure du « musicologiquement correct » l'entreprise a de quoi éveiller une certaine méfiance, force est de constater que le résultat est plutôt convaincant. Non seulement Schubert et son message ne sont ni trahis ni dilués mais il faut reconnaître à la jeune compositrice un certain sens de la couleur et lui attribuer quelques jolies trouvailles. utilise comme personne le côté charmeur de l'alto (entendez la chaleur de sa sonorité), exploite à merveille le côté intimiste de la partition (les nuances douces sont fabuleuses) et, s'il ne creuse pas le texte outre mesure, se montre d'une élégance rare – ce qui peut donner, çà et là, une impression de nonchalance. Dommage que de son côté, Muhai Tang se contente de mettre les choses en place sans tenter de donner le moindre supplément d'âme à une partie pourtant riche en intentions musicales.

Autre « arrangement », celui réalisé par Rysanov lui-même de la partie soliste des Variations sur un thème rococo de Tchaïkovski. Si l'intervention semble minime (il s'agit globalement d'une transposition à l'octave), l'ordre des variations est celui voulu par Wilhelm Fitzenhagen, violoncelliste pour lequel le compositeur conçut cette page virtuose. Inutile de bouder le plaisir que l'on éprouve à entendre Rysanov chanter sa partie maîtrisée avec une distinction absolue : le soliste n'en fait jamais trop, évite le kitsch et dose impeccablement les proportions de chaque section. Du grand art…

Le charisme et le charme musical de l'altiste opèrent également dans la seule œuvre du programme originellement destinée à son instrument : la magnifique Romance op. 85 de . A côté de sa prestation idéale on regrette que, contrairement à la magnifique collaboration Thorette/Rophé (Cyprès), le musicien ne trouve pas en Tang un partenaire capable de véritablement dialoguer avec lui. Tout comme dans le reste du programme, le chef se contente du strict minimum, quitte à en devenir complètement transparent. Mieux secondé, Rysanov aurait signé là un grand disque. Malheureusement, ce déséquilibre ternit un peu le résultat global, dominé de trop haut par un soliste infiniment plus inspiré que son placide accompagnateur.

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