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Paris, répertoire et créations pour Trisha Brown

Soirée de répertoire contemporain avec , figure de la post-modern dance américaine, passée en quelques trente années d'une radicalité conceptuelle, mais souple, au baroque contemporain.

Le premier solo présenté, Watermotor, est divinement interprété par Neal Bearsley. Ce solo de 1978 n'a pas pris une ride, revivifié par l'interprétation musclée et ample du danseur. La seconde pièce, intitulée Les yeux de l'âme, est extraite de la mise en scène de Pygmalion que signa à Aix-en-Provence l'année dernière. Le problème est que, détourné de son contexte (l'opéra), le ballet paraît dénué de sens, et revêt un caractère décoratif, plus anecdotique. Le style adopté par la chorégraphe pour ce ballet angélique et léger est celui du baroque contemporain, dont l'effet aérien est renforcé par le choix des costumes et les deux danseuses suspendues dans les cintres par des harnais.

On préférera la radicalité hypnotique d'Opal Loop, une pièce de 1980, avec ses quatre corps dissemblables, contrastés, qui évoluent dans le silence absolu. Seuls les ronflements d'un dispositif placé à l'arrière scène, qui soulève des nuages de vapeur d'eau bercent les mouvements harmonieux et coulés des quatre danseurs. Un moment véritablement suspendu, une des grandes pièces de la chorégraphe américaine, assurément.

On retrouve les mêmes puissants ventilateurs sur scène, disposés en groupe compact, pour la dernière création de la chorégraphe, commande du Théâtre national de Chaillot, en collaboration avec le plasticien Burt Barr. Si, de prime abord, I'm going to toss you in my arms – if you catch them they're yours apparaît comme une pièce puissante, où les danseurs de la compagnie font merveille, l'effet se délite peu à peu. La chorégraphe se propose de travailler sur la notion de corps noués, et les danseurs y témoignent d'un travail rythmique très précis, dans le vrombissement des ventilateurs ou l'harmonie du piano dont joue Luca Spagnoletti à l'arrière scène. Mais cette harmonie des corps à l'habituelle nonchalance fluide, coulée, presque effacée de est rompue par le corps plus délié et musclé de Neil Beasley, qui fait office de danseur vedette. Il apporte une autre technique, plus physique, plus sensuelle, plus exhibitionniste que les danseurs habituels de la compagnie. Un contrepoint qui limite la visibilité et la cohérence de cette nouvelle pièce.

Crédits photographiques : Van Meer, Julieta Cervantès

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