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Krivine dirige Debussy

Second volume d'une intégrale pour orchestre, ce programme mélange essentiel – Prélude à l'après-midi d'un faune, Nocturnes – et compléments presque indispensables – Rapsodie pour clarinette, Danses pour harpe et Printemps.

Dans une discographie éminemment richissime en la matière, se pose le problème de l'intérêt d'un tel enregistrement. La voie suivie par suit la direction d'un respect du texte et de l'esprit s'inscrivant parfaitement dans un rapport musicologique et radiographique avec la partition derrière lequel se complaisent nombre d'interprètes en mal d'inventivité. Et du détail, il y en a à faire entendre avec Debussy, quand on le veut bien.

C'est ce que fait avec le plus grand talent le chef français d'origine russo-polonaise aux débuts violonistiques. Pour autant, l' ne se transforme pas en orchestre de solistes à la manière lucernoise, et l'esprit de groupe est conservé. Avec plaisir, on entendra par exemple (entre 1'34 et 2'05) le chant subtil des cors et des cordes divisées à l'arrière-plan de Nuages, ensemble remarquablement dosé dans un équilibre si subtilement délicat à obtenir. De même, le passage du cortège dans Fêtes à 2'40, les trompettes ne masquent pas le travail fourni des cordes ce qui permet de rééquilibrer un ensemble qui a trop souvent tendance à se transformer en une marche militaire déplacée.

Les tempos choisis restent confortables, voire relativement lents en ce qui concerne  Sirènes. Mais là encore, les chœurs forment un tout intelligent avec la masse orchestrale en ce sens qu'ils ne s'échappent pas pour faire bande à part. Avec Krivine, on prend le temps de raconter les choses et cela nous convient parfaitement.

Stylistiquement, le résultat est là. L'après-midi d'un faune, très lisse, synthétise dans ses à peine neuf minutes cet art du retenu et du détail : dans l'apogée lyrique de la partition (entre 5'03 et 5'43), quel plaisir d'entendre s'échapper les vents et les harpes d'un semble de cordes sans boursouflures, ensemble souvent très envahissant, ou trop nombreux. Printemps obéira aux mêmes principes.

Les Danses et la Rapsodie bénéficient quant à elles de solistes qui ne profitent pas de l'opportunité pour faire bande à part, mais savent s'inclurent judicieusement dans l'orchestre.

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