L'anthologie de Vincent Vivès réunie un grand nombre de textes d'auteurs, théoriciens, philosophes et compositeurs, intelligemment regroupés en cinq parties, qui correspondent à de grandes ères historiques : Antiquité, Moyen-Age et Renaissance, Lumières et pré-romantisme, romantisme, enfin époque moderne et contemporaine.
Elle permet ainsi, par le seul fait de tourner quelques pages, d'embrasser des aspects de la pensée de Platon et de Novalis, de Rousseau et de Pierre Boulez. Chaque citation est en outre introduite par une notice explicative, qui permet de situer l'auteur dans son temps et de mettre en relief la spécificité de sa pensée. Ce ne sont pas là les moindres qualités de l'ouvrage, et l'étudiant ou le mélomane seront reconnaissant à l'auteur d'avoir fourbi un tel outil.
Cependant, et comme toute anthologie, le choix des extraits, de leur longueur, est bien entendu critiquable par tout un chacun, selon ce qu'il attend, ce qu'il entend faire d'un tel ouvrage. Pour nous, nous ne trouvons rien à redire de ces choix, si ce n'est qu'ils évitent les textes un peu trop techniques. L'auteur ne garde pas un silence coupable sur cette question, il s'en explique en toute franchise dans la préface, un texte par ailleurs fort intelligent qu'on aurait tort de ne pas lire, et l'on apprend donc qu'il entend donner par son anthologie non pas un portrait de la musique elle-même, mais de l'Homme à travers sa conception de la musique. Cela n'a l'air de rien, ou peut-être d'un tour de passe-passe pour éluder la question. Nous pensons au contraire que ce point de vue apporte un nouvel éclairage sur les textes et leurs auteurs ; au fil des pages on ne lira plus l'avis périmé, rétrograde ou prophétique, mais l'enthousiasme, l'inquiétude ou l'espérance d'un être humain face au monde qui l'entoure. Et quoi de plus naturel que d'exprimer ces sentiments par le biais d'une réflexion sur cet art mystérieux entre tous, la musique ?