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Angela Gheorghiu sur les pas de Callas

Depuis son récital « live » à La Scala de Milan, six ans se sont écoulés. Six ans qu' n'avait pas enregistré de disque sous son nom. Six années pendant lesquelles elle a pourtant continué d'apparaître sur les scènes internationales.

Des années pendant lesquelles, la voix de la diva roumaine a continué de servir l'opéra avec un sérieux exemplaire. Gérant sa carrière avec intelligence, elle réserve au Metropolitan de New-York et au Covent Garden de Londres l'essentiel de ses prestations. Aujourd'hui, elle livre un album en hommage à son inspiratrice de toujours : Maria Callas.

Avec sa voix qui, comme celle de toutes les grandes chanteuses lyriques, est reconnaissable entre toutes, elle chante les airs qui ont fait la réputation de la légendaire soprano grecque. Si l'entreprise pouvait paraître prétentieuse, il faut reconnaître à la soprano roumaine une qualité de voix, un soin du phrasé, une connaissance du répertoire qui la porte sur les pas de Callas sans qu'elle n'ait besoin d'imiter son égérie. D'ailleurs est-il possible d'imiter l'inimitable ?

Ce qu'il y avait d'inimitable chez Callas reste certainement l'intensité dramatique. Une intensité qui lui permettait de « dire » les mots plus encore que de les chanter. Sa voix, parfois, était altérée par le poids des mots. Chez Gheorghiu, la voix reste souvent trop belle, trop soyeuse, presque trop polie pour que la force, la virulence, la véhémence des sentiments s'en exhale avec conviction. Reste qu'aucune soprano actuelle n'approche avec autant de talent, autant de vérité, le message laissé par Maria Callas à l'art lyrique.

Dans ce très bel album, dévoile un art consommé du contrôle vocal. Qu'elle chante Donde lieta usci de La Bohème de Puccini, l'air d'Imogène de Il Pirata de Bellini ou encore De tuoi figli la madre de la Medea de Cherubini, on retrouve une qualité de legato, de nuances, de couleurs d'une beauté émouvante. Le respect que la chanteuse roumaine a de la musique et de la manière de l'interpréter va au-delà de la simple manière de présenter un disque dont la célébrité des airs suffirait à en faire un très bon produit commercial. Qu'on pense que La Traviata londonienne qui devait sceller sa réputation (Fait unique : la BBC avait alors interrompu ses programmes réguliers pour faire profiter en direct l'Angleterre des instants miraculeux qui se déroulaient alors sur la scène du Covent Garden) date de bientôt vingt ans. Vingt ans d'une carrière où la soprano, malgré ses coups d'éclat « people », n'a offert que de l'excellence. Comme ici dans cet album que nous ne pouvons que chaleureusement recommander.

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