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La Maréchale Caballé

Pour l'anecdote, cette production s'annonçait comme une véritable catastrophe.

Le baron Ochs d'Oscar Czerwenka, suite à une série d'interventions chirurgicales avait dû renoncer à tenir son rôle. Remplacé pour deux représentations par Manfred Jungwirth puis par . Un malheur n'arrivant jamais seul, ce fut au tour d' d'annoncer, qu'enceinte, elle ne pourrait assurer les représentations du mois d'août. La plus grande tuile s'est produite quand, victime du rhume des foins, la soprano espagnole Monserrat Caballé n'ayant pu chanter pendant la première semaine des répétitions, avoua qu'elle ne savait pas le premier mot ni la première note de son rôle ! Travaillant jour et nuit avec un membre du staff musical pendant sept jours, elle parvint à tenir son rôle. Et de belle manière.

C'est effectivement à une Monserrat en pleine possession de ses moyens que cet enregistrement nous convie. Quelle somptuosité de la voix. Certes sa Maréchale n'a pas la sophistication d'une Elisabeth Schwarzkopf mais la diva du moment en fait un personnage d'une sincérité touchante. Dominant sans peine tout le registre de sa voix, jamais elle n'est prise en défaut dans les notes de passages. A l'occasion, elle offre au public quelques pianissimi dont elle a le secret et qui feront sa « marque de fabrique ». A ses côtés, la complicité vocale de (Octavian) fait merveille. Leurs duos du premier acte restent un régal heureusement soutenu par la belle direction orchestrale de .

Dans la présentation de la rose, au début du second acte, la symbiose vocale entre l'Octavian de et la Sophie d' touche les sommets quand bien même une fort vilaine note aigue de Sophie manque de rompre le charme de cette scène sublime.

Dans son approche, favorise l'aspect théâtral de l'opéra, portant son London Philarmonic Orchestra vers des sonorités contrastées. A entendre les rires qui fusent dans certaines scènes, le public semble prendre beaucoup de plaisir à cette comédie. Particulièrement dans les scènes du troisième acte entre une (Octavian) en verve et un (Le Baron Ochs) qui s'en donne à cœur joie.

Si les scènes finales laissent entendre quelques beaux pianissimo de , le duo élégiaque d' (Sophie) et de Teresa Zylis-Gara (Octavian) donne la chair de poule.

Les enregsitrements de cet opéra ne manquent certainement pas. Si celui-ci ne peut être catalogué comme la version de référence, il reste cependant un appréciable document chargé d'émotions, témoin d'une époque et d'un festival où l'on s'offrait le meilleur et où les artistes engagés ne craignaient pas de s'engager vocalement jusqu'au risque du « couac » pour le seule envie de se surpasser.

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