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Clara Haskil et Otto Klemperer jouent Mozart en 1956

Cet album Cascavelle reprend ce qui semble être l'intégralité d'un concert Mozart de , et l' en 1956, complété par le Concerto de Schumann de quelques semaines postérieur avec et son . Comme date d'enregistrement la notice indique le 09 septembre 1956 pour Mozart et le 10 octobre 1956 pour Schumann alors que trône en fronton de la couverture de l'album un superbe « Live recording – Montreux April 9th 1956 ». Pourtant c'est bien cette dernière date d'avril qui semble erronée, le concert Mozart ayant bel et bien été donné dans le cadre du Septembre musical de Montreux.

Les deux principaux pôles d'intérêt de ce double album sont d'une part d'entendre accompagnée par deux pointures de la direction d'orchestre, ce qui n'est pas si fréquent dans sa discographie, et d'autre part de retrouver l'art d' d'avant sa dernière période avec le Philharmonia sous la houlette de Walter Legge.

Commençons par la pianiste dont les deux concertos reproduits ici viennent en regard des versions officielles publiées dans le coffret Decca Edition, avec Fricsay comme partenaire pour Mozart en mai 1957 et van Otterloo pour Schumann en mai 1951. Le naturel qu'avait cette pianiste lorsqu'elle jouait Mozart se retrouve intact avec ses phrasés dont l'évidente simplicité reste insurpassable. L'équilibre de ton trouvé avec Friscay était peut-être plus chantant et poétique, il est ici un poil plus allant et dynamique, avec un accompagnement plus dense mais jamais lourd, perception accentuée par la prise de son qui favorise l'orchestre au détriment du piano dont les nuances sont mieux perceptibles chez Decca. Avec Schumann on a la sensation inverse d'un piano mieux charpenté et d'un orchestre en retrait sinon parfois en difficulté (vrai déception de cet enregistrement), sans compter de vilains petits bruits de fond dont l'inconstance les rend d'autant mieux perceptibles. Du coup, on préférera ici la version Decca plus vivante, mieux équilibrée, même si l'orchestre de La Hague n'est pas génial non plus.

Quant au Mozart de Klemperer il est bien ancré sur ses basses allemandes ce qui lui donne une incontestable ampleur qui ira mieux au premier mouvement de la Jupiter qu'à celui de la n°29 qui peine à décoller. Les mouvements lents sont, si on les juge à l'aune des versions modernes, « très » lents, mais ils savent garder une tension musicale que les tempos les plus vifs font souvent disparaitre. On n'y retrouvera pas aussi bien l'équilibre « souverain » qui caractérisait les versions Philharmonia, qui bénéficiaient de surcroit d'incroyables instrumentistes aux bois et aux cors, mais ces concerts de l'orchestre de Cologne ne déméritent pas. Le chef n'hésitera pas à franchement accélérer le tempo dans les mouvements conclusifs, ce qui en surprendra plus d'un attaché à la légende, pas si vraie, d'un Klemperer austère, lent et pesant, offrant à la même n°29 une fin alerte que son début ne laissait pas présager. Enfin, orchestre et chef nous offrent une noble Kleine Nachtmuzik qui avance fermement, avec de belles respirations, et si le Menuet ne danse pas vraiment le Rondo final est franchement allant.

A l'évidence cet album ne contient rien qui risque de bouleverser la discographie des œuvres et des artistes présents sur cet album. Il est à prendre comme un document qui intéressera les connaisseurs plus que les néophytes.

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