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Le piano de Zoltán Kodály par Miki Aoki

a très peu écrit pour le piano. Hormis les 7 pièces de l'opus 11, nous faisons avec cet enregistrement le tour de ces compositions. Une pianiste japonaise est inattendue dans ce répertoire, mais connaissant l'adaptabilité facile des asiatiques, la surprise passée, nous plongeons avec aisance dans un univers peu familier.

Élève durant quatre ans de Gyögy Sebök, lui-même enseigné par Kodály, transmet donc un savoir par le biais d'une filiation quasi directe. Le danger de la part d'artiste extra-européens constitue une appropriation musicale uniquement par le biais technique, laissant de côté l'esprit d'une œuvre, ce que réussit fort heureusement à éviter la pianiste japonaise. On remarquera d'abord un très bon équilibre dans le rapport de force entre les deux mains. Le rythme et l'ostinato, l'abondance des staccatos du compositeur deviennent vite un handicap pour une main gauche lourde et appuyée. Ici, bien au contraire, elle attaque, rebondit et conduit la dynamique de manière à porter le chant sans l'engluer et le couvrir. Ce style en permanence perlé et détaché fait merveille à tous les instants et convient parfaitement à la couleur des morceaux : là où la danse règne en maîtresse dans les premières moutures d'avant l'orchestration des Danses de Marosszek et de Galánta, ainsi que dans les légères et subtiles Danses pour les enfants, proches de l'esprit bartokien des piécettes du cycle Pour les enfants.

sait également créer des atmosphères et des sonorités envoûtantes. Les Neuf pièces op.3 et la Méditation sur un motif de Claude Debussy, visiblement influencées par le maître français lors de son séjour en France nous baignent dans un univers sonore inquiétant, monde de la nuit et des interrogations, lyrique et violent, parfois virtuose. capte cette atmosphère brumeuse et a l'intelligence de garder une ligne directrice très claire là où il est très facile de brouiller facilement le texte avec une abondance de pédale.

La Valsette finale prend tout son sens si l'on sait qu'elle devait être rattachée au cycle de l'opus 3 comme dernière et dixième pièce : une détente bienvenue dans un monde tourmenté.

En conclusion, un programme très bien conçu présentant la richesse de l'écriture pianistique de , dans un style d'interprétation sans rupture avec le meilleur de la tradition hongroise.

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