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Introspection de la douleur avec Penderecki

Le label polonais Dux, en parallèle avec Naxos, poursuit une belle édition dédiée à . Enregistré en 2010, cet album voit le compositeur-chef se produire au pupitre du , l'orchestre des jeunes de Pologne. On imagine l'émotion de cette rencontre entre des jeunes artistes, fraichement diplômés et l'un des géants de la composition.

Le choix de ce concert s'était porté sur la Symphonie n°4 du maître. Choix peu démagogue car cette partition, commande de Radio-France pour les célébrations du bicentenaire de la Révolution française, passe pour l'une des moins aimées du compositeur, pire pour l'un des maillons faibles de son œuvre.

Par son aspect monolithique et son ton noir et grave, cette symphonie n'est en rien phonogénique.  En une belle demi-heure, le compositeur convoque les teintes les plus sombres de l'orchestre : basson, hautbois, cordes graves dans geste d'un rare pessimisme. Comme si, par l'expérience de l'Histoire, toute révolution n'amenait que la mort et la désolation. La partition n'est pas si éloignée des symphonies du dernier Schnittke, avec  cette impression d'étirement du temps dans un climat morbide. On pense également au Chostakovitch de guerre avec le choc tendu de blocs orchestraux et la force intrinsèque du drame.

L'orchestre des jeunes de Pologne n'a pas la rondeur des grands orchestres, mais ses teintes mates servent cette esthétique particulière. Les solistes des vents s'avèrent, quant à eux, particulièrement acérés et engagé. Une énergie indéniable traverse ce concert qui entraînera peut être les fans du compositeur à acheter cette galette au minutage assez réduit.

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