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Stravinsky en sourdine par François-Xavier Roth

Le présent enregistrement des Siècles fait écho à leur programme autour des premières saisons des Ballets Russes de Diaghilev, qu'ils avaient notamment présenté à la Cité de la Musique à Paris. Pour ceux qui n'avaient pas eu l'occasion d'assister à ces deux concerts de qualité, on résumera en disant que le programme faisait s'alterner les tubes et les redécouvertes, voire les bizarreries, mais permettait en tous cas de se faire une idée du répertoire consommé par les balletomanes du début du XXe siècle. Quant à l'orchestre, il nous avait simplement ravi, comme à son habitude.

Pour rendre compte des concerts, il a fallu faire des choix, et nous saluons la mise en avant de L'Oiseau de Feu d', superbement interprété. Quant aux Orientales, c'est autre chose, et l'on ne cache pas le doux ennui que suscite à la longue ce pot-pourri certes charmant mais on ne peut plus conventionnel – assembler des pièces qui n'ont rien à voir les unes avec les autres, ce n'est pas faire oeuvre. On aurait préféré que le programme retienne les Danses Polovstiennes de Borodine, qui avaient été interprétées avec une poésie et une vigueur remarquables. Las ! Il y avait sans doute obligation d'enregistrer les deux orchestrations de Bruno Mantovani et Charlie Piper, par ailleurs réussies.

On notera que la prise de son de L'Oiseau de Feu est un rien voilée, ce qui confère une atmosphère de mystère et de poésie assez bienvenue, dans certains passages du moins. Au bout d'un moment, la disparité de traitement entre les cordes et les bois, très présents, et les cuivres, dans la coulisse (semble-t-il) devient gênante : on frise le ridicule dans la « Danse Infernale », et il faut attendre la conclusion pour que la balance se fasse. L'effet est pour le moins curieux, mais n'enlève rien aux mérites des Siècles et de leur chef, . Les aléas du live ?

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