Qui d'autre que le tromboniste-chef-compositeur Christian Lindberg peut passer, sans encombre, du symphonisme désespéré d'Allan Pettersson, à un album mêlant un trombone à un orchestre traditionnel chinois ? Certainement personne d'autre !
Adapte de l'explosion des frontières entre les genres, le virtuose s'amuse, nous divertit et surtout fait de la musique. Les pièces originales ou les arrangements font preuve de la même assurance tant au niveau technique que musical. La fusion du timbre du trombone et de l'orchestre traditionnel chinois est absolument parfaite, entre l'image d'une Asie rêvée et l'ironie grinçante de la musique de Christian Lindberg. Premier compositeur européen à écrire pour l'orchestre chinois de Tapei, il témoigne de sa flexibilité et de sa capacité à se fondre dans un moule contraignant tout en se servant de toutes les ressources stylistiques des instruments chinois. Composé à l'origine pour trombone et orchestre à cordes, Kundraan, devient ici une ode fantastique à un super héros dépressif, sorte de songe musical impossible !
Cet album de belle musique fera hurler des grincheux ultra-conservateurs et les gardiens du temple d'une avant-garde momifiée. Il faut s'incliner devant cet album qui montre, qu'entre Orient et Occident musical, une troisième voie est possible. Bien évidemment, le fini technique des albums du label suédois Bis, contribue à faire ce disque un grand moment.