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Le XXe siècle à l’ancienne

Le XXe siècle musical fut le terrain de toutes les recherches esthétiques. A côté de la dissolution de la tonalité, le retour vers la musique « ancienne » (renaissante, baroque ou classique) a été l'une des options très vite privilégiée par un certain nombre de compositeurs. Qu'il soit question de Stravinsky, Poulenc, Martinů, Honegger, Prokofiev, Milhaud, Debussy, Ravel, etc., tous éprouvèrent à un moment de leur carrière le besoin de revenir vers les formes et/ou le langage du passé. Plus près de nous, est également connu pour avoir emprunté de sa substance à la musique de la Renaissance, s'en nourrissant sans la pasticher.

C'est précisément la version pour piano et violon de Fratres, œuvre célèbre de l'Estonien, qui donne son titre à ce récital chambriste des Polonais Szymon Krzeszowiec et Niklas Sivelöv dont les ressources narratives permettent à la pièce d'avancer naturellement. En début de programme, les deux musiciens font preuve d'un savoureux sens de l'humour dans l'Introducione de la transcription des fragments de Pulcinella autant que d'élégance dans le Minuetto qui conclut le cycle. Dans Stravinsky comme ailleurs, le violoniste peut compter sur son bel instrument dont on apprécie particulièrement la sonorité chaude des deux cordes les plus graves (sol-ré). Il est ici partout question d'équilibre, tout comme dans Tartiniana Seconda, pièce composée en 1956 par et dont la « clarté calligraphique » que le commentateur Marcin Trzęsiok y décèle est rendue avec une remarquable distinction.

Deux Suite[n] im alten Stil complètent le programme. Celle de , inspirée par Jean-Sébastien Bach, est la pièce la plus ancienne du récital (1906) et peut-être son Präludium est-il le mouvement le moins « réussi » du disque –l'équilibre général y apparaît en effet comme moins idéal en raison d'un piano quelque peu surexposé. Qu'à cela ne tienne, la fugue finale est parfaite de clarté polyphonique et de connivence entre les deux artistes. Contenant elle aussi un épisode fugué, la suite d' est interprétée avec un caractère qui va bien au delà de la joliesse baroque de la Pastorale initiale. Un disque « monographique » qui nous arrive comme un bol d'air frais.

 

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