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Aline d’Ambricourt illumine Scarlatti

Après un précédent album portrait consacré à Bach, Marchand et Couperin, propose aujourd'hui un nouvel enregistrement entièrement consacré à un grand maitre du clavier baroque : . Très entendu de nos jours sur piano moderne, et parfois très bien, il est heureux de pouvoir approcher ici ces pages au clavecin, d'autant que l'instrument  utilisé ici est très proche de l'univers sonore de notre musicien. En effet, il s'agit d'un rare spécimen daté de 1763, réalisé par un certain Migliai, et magnifiquement restauré par Miles Hellon.

Chaque sonate est un microcosme en soi, et pourtant chaque pièce est indispensable à l'édification de ce monument qui en comporte 555. Quelques unes ici judicieusement choisies, porteuses chacune d'une forte personnalité, d'une couleur, d'un climat unique, composent un bouquet lumineux des plus harmonieux. sait être volubile, virtuose, légère, pour celles qui flamboient le plus par leur tonalité ou leur vitesse. Ailleurs, elle sait se plonger dans l'intériorité de certaines pages méditatives, faisant ainsi succéder agréablement ces pages pour le plaisir de l'oreille et des sens, au travers d'un toucher en profondeur dans le clavier, apte à mettre en vibration à chaque instant une ou toutes cordes . Le clavecin, en bon italien, est précis, direct, avec ce je-ne-sais-quoi de percussion, qui entraine le jeu et le nourrit. Nous retrouvons là une joie de vivre à laquelle Scott Ross, dans sa fameuse intégrale (Erato), nous avait habitués. On ne peut s'empêcher de penser à la dédicace de Scarlatti lui-même à propos des premières sonates, ses Essercizi, terminant ainsi « sois heureux ! ». Telle est bien notre impression. La prise de son d'Igor Kirkwood, maitre en la matière, lui qui fut l'alchimiste des sons du label Calliope, est d'une lisibilité et d'une aéartion parfaites, qui sublime le discours.

est la première à jouer quelques sonates sur cet instrument d'exception, et comme elle nous le dit, « peut-être le plus fidèle à l'esprit d'écriture et à la philosophie musicale du compositeur ». Certes les chemins pour accéder à la musique de Scarlatti sont bien divers, même au clavecin. On se souvient de fameux enregistrements de Rafaël Puyana sur de grands clavecins à plusieurs claviers contemporains eux aussi de Scarlatti. Mais ici, le choix fait mouche !

Ce disque montre que l'on peut encore enregistrer Scarlatti et apporter sa pierre, d'importance, et que l'on peut conseiller sans la moindre réserve.

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