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Myung-Whun Chung ou la mondialisation heureuse

Au printemps 2011, la nouvelle avait fait du bruit dans le landerneau (compassé) de la musique classique : le légendaire label jaune Deutsche Grammophon, la firme de disques de Furtwängler et de Karajan, signait un vaste contrat d'enregistrements avec l'. 10 disques, rien de moins, sont au programme de ce partenariat stratégique car il s'agissait du premier orchestre asiatique à rejoindre l'écurie de DGG, en porte drapeau des derniers marchés discographiques en croissance.

Bien que créé en 1948, et presque doyen des orchestres de la péninsule de Corée,  l'Orchestre philharmonique de Seoul est apparu sur les cadrans internationaux, en 2005, avec la nomination, à sa tête, du plus célèbre des chefs d'orchestre du pays du matin calme : . La structure administrative a alors été métamorphosée et les effectifs rajeunis à hauteur de 40%, pour faire de cette phalange le fer de lance international d'un pays de plus en plus présent sur la scène musicale internationale (les nombreux lauréats coréens des concours internationaux le montrent annuellement) Les têtes chercheuses de DGG n'ont évidemment pas laissé passer une telle occasion de s'associer avec cette formation, qui nous avait séduit lors d'un concert bruxellois de 2009.

Le premier album est naturellement dédié à la musique française, répertoire avec lequel le maestro Chung entretient une évidente proximité. Techniquement le résultat est impressionnant. La lecture de La Mer, est idéale par son mélange d'ampleur, de transparence, de félinité et de sensualité. Les pupitres coréens rivalisent de précisions tant individuellement que collectivement. On admire la netteté et la lisibilité des tuttis. Quant à la sonorité d'ensemble, elle est indubitablement latine avec une plasticité épatante.  On est loin, très loin, du désastre de l'Orchestre national de Lyon dans cette même partition…

Les morceaux de la suite orchestrale de Ma mère l'oye sont finement dessinés par une baguette poétique et simple, qui caresse un matériau orchestral aux nuances subtiles et aux teintes ondoyantes. Les pupitres de vents de l'orchestre atteignent ici les meilleurs standards internationaux.

Petite déception en revanche avec La Valse, cernée avec un peu de trop de nonchalance et d'égotisme dans la volonté de Chung de sur-jouer les cassures et les contrastes, et de jouer au chef…Cela étant, l'orchestre fait corps et montre, encore, son niveau absolument superlatif.

Enregistré avec soin, avec ce qu'il faut de précision et de naturel, ce disque est une indéniable réussite et une carte de visite enviable pour l'orchestre coréen.

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