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Le Tanztheater Wuppertal reprend 1980 de Pina Bausch

« 1980 » marque un tournant dans l'œuvre de . Pour la première fois, elle esquisse la manière qui formera son style pour les vingt années suivantes : l'enchaînement de saynètes formant une vaste fresque impressionniste.

Pour la première fois aussi, alors que son compagnon, le scénographe Rolf Borzik, est mort, elle fait appel à , qui conçoit pour elle cette scène recouverte de gazon frais. Ce tapis vert est un terrain idéal pour explorer les références et l'imaginaire de l'enfance, faisant de « 1980 » une pièce délicatement nostalgique, alternant entre gravité et légèreté.

Comptines, berceuses, jeux et ritournelles émaillent donc cette pièce jouée par de grands enfants un peu mûrs, mêlant humour et dérision. Le spectacle balance parfois entre « hystérie à Glyndebourne » et « scène de groupe à Marienbad », n'hésitant pas à épingler les travers des oisifs ou à mettre en scène des excentriques à chapeau. Ce qui donne lieu à une fantastique galerie de portraits de doux-dingues incarnés par des interprètes fabuleux, piliers du . Dans cet univers fantasque et suranné, on est plus à Londres, sur les traces d'Elizabeth II ou d'Alice au Pays des Merveilles qu'au pays du Magicien d'Oz, même si un vrai magicien monte sur scène à l'occasion.

La danse étant quasiment absente, « 1980 » est largement teintée de théâtre. Quelle présence, quelle intensité chez ces comédiens-danseurs, que l'on aimerait citer tous. De l'Australienne farfelue interprétée par Julie Shanahan au délicat gentleman incarné par Lutz Förster, en passant par les inénarrables Nazareth Panaredo ou Helena Pikon, tous ont un visage expressif et imperturbable qui reste très longtemps dans la mémoire du spectateur. A noter que le spectacle n'avait été montré qu'une seule fois à Paris, en 1989.

Crédit photographique : © DR

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