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La Rondine à Nancy, toute en délicatesse

Mis à part Le Villi et Edgar, ouvrages de jeunesse, La Rondine demeure le moins célèbre et le moins joué des opéras de la pleine maturité de .

C'est pourtant cette œuvre qu'a choisie le célèbre ténor pour y diriger scéniquement et musicalement une troupe de jeunes artistes qu'il a eu l'occasion de faire travailler dans les master classes qu'il donne chaque année en Lorraine à l'invitation de l'association Nancy Opéra Passion, coproductrice du spectacle.

Cette « comédie lyrique » sans accès de violence, délicate et nostalgique, se prête en effet bien aux premiers pas de jeunes chanteurs en n'exigeant pas d'eux des performances vocales trop athlétiques ou des incarnations ogresques. Cela convient particulièrement bien à , dont la Magda finement personnifiée séduit par ses aigus cristallins mais nourris, ses réserves de puissance et son homogénéité vocale, dominant, comme il se doit pour un rôle-titre, le reste du plateau. Le Ruggero un peu pataud et fort touchant d' fait également valoir une vocalité assurée et une belle projection mais on l'aurait aimé moins préoccupé de son chant, moins rigide en scène (le trac peut-être) et surtout moins chiche de demies teintes, en évitant les aigus systématiquement de stentor et les sanglots véristes ici hors de propos. réussit bien son Prunier, solide vocalement et drôle scéniquement, tandis que la Lisette à la voix un tantinet pointue d' s'impose par ses dons innés d'actrice. Tout le reste de la distribution dessine parfaitement des silhouettes marquantes et individualisées ; on y remarque particulièrement le Rambaldo au timbre riche et fruité de .

En total maître d'œuvre, assure également mise en scène, décors et costumes. Un travail fort honnête et même séduisant, déplaçant l'action du Second Empire aux années cinquante et filant la métaphore de la cage à oiseaux où l'hirondelle/Rondine reviendra d'elle-même s'enfermer. Pas d'une folle originalité mais que faire d'autre avec ce livret plutôt pauvre et dépourvu d'action dramatique ? La direction d'acteurs est d'un parfait naturel, les costumes sont élégants et les décors abondamment éclairés et colorés toujours agréables à l'œil.

Mais ce qui séduit le plus dans cette Rondine, c'est la direction musicale du même , soutenant amoureusement ses chanteurs, veillant en permanence à ne pas les couvrir, sans jamais aucune lourdeur ni aucune emphase déplacée. Un petit bijou d'équilibre et de subtilité, suivi par un visiblement sous le charme et riche de finesse et un parfaitement au diapason.

Crédit photographique : Opéra national de Lorraine

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