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Jos van Immerseel et Midori Seiler jouent Beethoven à l’ancienne

Lorsqu'en 1797, compose ses premières Sonates pour violon et piano, Mozart n'est mort que depuis 6 ans. Pourtant, si la « folie » des instruments anciens s'est largement emparée de la musique du maître de Salzbourg, lesdites sonates (et les suivantes) ne sont que très rarement abordées sur des violons montés « à l'ancienne ». Avec la commercialisation sous forme de coffret de l'interprétation de et , Zig Zag Territoires comble un « vide » discographique assez important.

Contrairement aux indications imprimées sur les pochettes, les deux musiciens n'ont pas échangé leurs places mais pratiquent chacun leur instrument respectif : un violon italien (anonyme) du XVIIIe siècle pour Seiler et un pianoforte de Christopher Clarke d'après un instrument d'Anton Walter (1752-1826), plus fameux facteur viennois de son temps, pour Imerseel. Si chacun connaît les qualités techniques et musicales des deux interprètes (leurs précédents disques chambristes consacrés à Mozart et Schubert en témoignent. Entre autres…), on peut se demander si cette version est réellement celle que l'on attendait sur de tels instruments.

Certes, elle ne manque pas de qualités –le travail sur les articulations est particulièrement remarquable ! Pour autant, tout ne convainc pas, loin s'en faut. Ainsi, la Sonate n°3, dont le premier mouvement manque « d'esprit » et la main droite du pianiste de souplesse et/ou de fluidité (là où la gauche souligne admirablement les basses et la structure harmonique) ; l'Allegro initial du « Printemps », qui semble un peu « court » au niveau du souffle autant que le rendu du caractère de chaque modulation du finale est insuffisant ; celui de la Sonate n°6, qui est un peu trop timide, etc. Par ailleurs, on pourra discuter certains choix de tempo (mouvement médian de la Sonate n°3 pris comme un Andante au lieu de l'Adagio requis, etc.). En revanche, la sonorité du violon généralement senza vibrato de Seiler peut se faire aussi chaude dans le médian et le grave qu'elle peut (parfois) être sèche et cassante dans l'aigu. Ecoutez par ailleurs comme elle domine en général les débats (si ce n'est la Sonate n°7, véritablement guidée par Immerseel). Que cela soit dû à un « défaut » de prise de son ou, moins probable, résulte d'une volonté esthétique, le pianofortiste semble souvent trop discret (mais peut également bousculer là où on ne l'attend pas).

Particulièrement réussis, les moments les plus « violents » des Sonates n°4 et 7, la rusticité humoristique du finale de la n°8 et quelques passages plein de charme de l'op. 96. Outre nos quelques réserves, le reste se tient mais ne marquera probablement pas l'histoire du disque de manière aussi éclatante et providentielle que nous l'attendions. Pour notre part, c'est une relative déception (mais qu'elles attentes n'y placions-nous pas ?). Il reste que, sans concurrence crédible, elle s'impose toutefois comme la version « de référence » sur instruments dits « d'époque ». En attendant…

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