L'excellent Orchestre Symphonique d'Etat de São Paulo a troqué le chef John Neschling contre la chef américaine Marin Alsop. Changement de style aussi ! Le côté brillant et démonstratif de la musicienne remplace l'esthétisme et le sens des couleurs du musicien brésilien. Pour son premier disque à la tête de ses nouveaux musiciens, Marin Alsop se confronte au Sergueï Prokofiev de démonstration de la Symphonie n°5.
La baguette de Marin Alsop est évidemment à son aise dans cette pièce de parade à laquelle elle rend le brio instrumental et le sens de l'épopée. On se place dans la lignée des lectures virtuoses de Lorin Maazel à Cleveland (Decca) ou de James Levine à Chicago (DGG), du grand spectacle orchestral en technicolor ! La musicienne joue de l'orchestre à la tête d'une formation toujours aussi précise et irréprochable dans ses dynamiques étagées et ses interventions solistes.
En introduction, la musicienne transforme la suite « 1941 » en parade orchestrale avec des blindés soviétiques repoussant l'invasion des hordes fascistes ! L'Histoire, passée à la moulinette de la propagande et à la virtuosité de la direction, s'en trouve ainsi métamorphosée. La musicienne fait rugir cette musique, certes bien orchestrée mais foncièrement creuse à l'image du court mais interminable mouvement intitulé « Dans la nuit ».
En conclusion, on tient un beau disque, bien enregistré, qui fait office de belle carte de visite introductive à ce tandem.