Le choix de la nouvelle photo de présentation de cet enregistrement du Carmina Quartet – réédition d'une présentation antérieure chez le défunt label Denon – dans les deux premiers quatuors de Béla Bartók s'avère judicieux. Au vert de la queue, on peut associer le n°1, synthèse du passé, exploration et prémices de ce qu'il adviendra et sera développé dans les suivants. Le Carmina Quartet le relie stylistiquement et intelligemment au n°2, plus coloré et intense, comme la couleur rouge, dans une belle unité musicale interprétative.
Le second quatuor est pensé comme résolument moderne, mais ne tire pas pour autant un trait sur le lyrisme qui l'innerve. La densité rythmique et mélodique, les effets sonores râpeux et obsédants, les frottements des cordes entre elles qui donnent des pics grinçants savoureux sont bien compris par l'ensemble des cordes. De fait, on entend tout. Mais glissandos, pizzicatos et sourdines évitent un effets trop appuyé et un expressionnisme violent. Les cordes du Carmina Quartet gardent une acidité et une présence qui perdurent tout au long des mouvements, réunis par une justesse de l'utilisation des tempos qui va avec le sens donné. Belle prise de son, proche des instruments, claires et brillante.
Un très bon début. On attend la suite.