Après la cantate dite « du mariage » et celle « du café », publiées dans un précédent volume, c'est celle « de la chasse » qui figure comme pièce de résistance de ce deuxième CD consacré par la firme Bis aux cantates profanes de Johann Sebastian Bach.
On y découvrira également cette autre pièce, bien moins connue, la sérénade « Die Zeit, die Tag and Jahre macht » BWV 134a, destinée à célébrer non pas les talents de chasseur du duc Christian de Saxe-Weissenfels, mais la magnificence de la Sérénissime maison de Anhalt-Cöthen où Bach était employé de 1717 à 1723. On louera donc la cohérence thématique de ce couplage, qui réunit deux œuvres de circonstance destinées l'une comme l'autre à louer et à flatter la figure tutélaire des puissants, des grands pourvoyeurs de la manne financière mais également garants du maintien et de la qualité de la tradition musicale.
On aura beau sourire devant la niaiserie et la flagornerie du texte verbal, la musique de Bach n'en inspire pas moins le respect. De nombreux passages de la sérénade ont d'ailleurs trouvé leur juste place dans diverses œuvres sacrées composées ultérieurement.
On louera également la fraîcheur et la justesse coutumières de l'interprétation, confiée une fois de plus aux forces japonaises de Masaaki Suzuki. Des cinq solistes réunis pour l'occasion, c'est pourtant le seul Japonais du lot, le ténor Makoto Sakurada, qui donne le moins satisfaction, en raison notamment du manque d'expressivité qui dénature sa principale intervention au cours de la cantate « de la chasse », l'air « Willst du dich nicht mehr ergötzen ». L'écriture plus virtuose de l'air « Auf, Sterbliche » de la sérénade le montre heureusement davantage à son aise. On entendra avec plaisir le contreténor français Damien Guillon, tout à fait convaincant dans sa belle interprétation du personnage allégorique de la Providence Divine. Belle prestation également de la basse Roderick Williams, même si ce sont les deux sopranos de la cantate « de la chasse », Sophie Junker et Joanne Lunn, qui dominent très largement un plateau vocal de haute tenue.
On attend donc avec impatience la suite de ce qui ne devrait pas tarder à constituer une nouvelle intégrale des cantates du maître de Leipzig.