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Rudolf Buchbinder, Beethoven à la lettre

Pour sa rentrée, l' accueille, après Lang Lang, le pianiste viennois . Un artiste érudit et exigeant qui a grandit sur les bancs du Conservatoire de Vienne entre ses ainés Martha Argerich et Nelson Freire.

Les Variations Symphoniques de Dvořák charment par la souplesse des transitions et la rondeur de la sonorité orchestrale. Avec Rudof Buchbinder, spécialiste de Beethoven, dans le Concerto pour piano n°3, l'orchestre montre ensuite qu'il peut épouser une esthétique différente, plus sobre, tout en gardant sa personnalité luxuriante.

A la fois cérébrale et sensuelle, nourrie de l'étude de partitions originales, l'approche de offre des moments inoubliables. Il sculpte le son et le phrasé avec une acuité remarquable. Il décortique les accords et appuie sur les modulations pour en faire surgir des couleurs inouïes. Son articulation volontaire donne à l'oeuvre un caractère dense et prométhéen et cette rudesse magnifie ses moments de douceur. Comme dans le Largo, où, soutenu par le tapis orchestral, le piano entame une méditation simple et sereine dans la plus grande intimité. Le finale, dans lequel il se jette à corps perdu, est, ensuite, un exemple de virtuosité et d'analyse. L'attention faite au détail est à la fois la limite et la force de cette version: elle laisse l'impression d'une oeuvre un peu morcelée mais combien puissante.

La Symphonie n°8 de Dvořák trouve en l' un interprète généreux, à la sonorité charnue et au lyrisme débordant. , en architecte raffiné, équilibre les voix, les tempi et les nuances avec une précision fabuleuse (extraordinaire et mystérieux début de l'Adagio). La formation est brillante, galvanisée par cette alchimie toujours à l'œuvre qui se crée avec le chef. Il ne leur aura manqu, peut-être, qu'une once de grâce et de plasticité rythmique pour s'approprier pleinement l'esprit Mitteleuropa.

Crédit photographique: © Basta

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