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Hespèrion XXI au Festival de Musique Baroque de Lyon

Avec le temps qui passe, les productions de et de ses ensembles s'éloignent de plus en plus du répertoire classique habituel. Leur dimension humaniste est, désormais, première : « le pouvoir de la musique, sa beauté, sa dimension émotionnelle et spirituelle en font le langage le plus essentiel de l'humanité ». Le programme proposé n'avait rien de spectaculaire. Et pourtant… Le public a aimé ce métissage musical du baroque hispanique avec les traditions créole, africaine et sud-américaine.

Dès l'ouverture du concert, on savoure les improvisations des musiciens qui permettent ces échanges, cette complicité évidente des six musiciens du plateau.
Leopoldo Novoa fait découvrir le « marimbol », un instrument de percussion à lames, issu de la musique mexicaine jarocho, puis joue d'une petite harpe au son très folk. C'est Enrique Barona qui termine avec un numéro de maracas qui enthousiasme le public.
Deux pièces de Diego Ortiz permettent à une démonstration de virtuosité sous l'œil admiratif de ses collègues.
Les Regrets, cette partie du programme rend hommage à Montserrat Figueras, décédée il y a juste un an. Viole et guitare pour Sainte-Colombe et Bach…
Puis ce sont les Nuevas Folias avec les voix très typées des deux musiciens mexicains et du rythme, de la virtuosité. Une fin de première partie qui a emporté les spectateurs au-delà des mers.

On passe ensuite au monde celtique avec des pièces instrumentales exportées d'Europe vers l'Amérique. Ça rappelle le CD Musicall Humors et Tobias Hume. On n'échappe pas, et heureusement, à Marin Marais avec le trio à la viole, à la guitare et au théorbe. Que du beau monde pour le plaisir de tous.
Jordi Savall, en fin pédagogue, n'oublie pas de présenter les instruments que les musiciens ont fait entendre. Une heureuse attention pas si fréquente que cela. Pour l'anecdote, citons la « quijada de caballo », une mâchoire de cheval dont Leopoldo Novoa nous montre l'utilisation comme instrument de percussion dans une « cachua » du Pérou, pièce qui sera le second bis.
Francisco Correa de Arauxo et Antonio Valente terminent ce concert, chargé d'humanité forte, d'amitié, d'amour et de musiques partagées.

Crédit photographique : Jordi Savall © Jean-Noël Démard

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