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Lorenzo Soulès remporte le Concours de Genève

Le public ne s'y était pas trompé. Pour cette 67e édition du célèbre concours, consacrée cette année au piano, il a vu juste en réservant une ovation plus que chaleureuse à , élève de Pierre-Laurent Aimard à Cologne, né en 1992, et grand vainqueur de la manifestation. Reconnaissance méritée, car ce jeune joue déjà comme un grand. Et il faut l'être, à l'instar des deux autres candidats parvenus jusqu'à la finale, pour surmonter les deux semaines intenses d'épreuves visant à départager les 32 candidats venus du monde entier !

Lors de la première finale, les trois candidats restants étaient conviés à accompagner , violoniste au charisme puissant, bien à son aise dans les sonates de Beethoven choisies par les prétendants. Aya Matsushita (3ème prix) et Mikhael Sporov (2ème prix) n'ont évidemment pas démérité. La japonaise, âgée de 28 ans, a choisi de présenter la Sonate n. 7. Enoncée avec une technique irréprochable et des phrasés fluides, romantiques à souhait, la pièce met en évidence sa palette de couleurs contrastées, mais dévoile aussi un certain manque de vigueur. Là où d'autres exaltent la verve puissante de l'œuvre, la pianiste choisit au contraire d'en souligner les finesses, avec un toucher sage, parfois un peu brumeux. Toute autre est la poigne du russe, lui aussi âgé de 28 ans. Dans la Sonate n.1, il déploie un geste plus dramatique, plus sanguin, avec néanmoins de belles nuances. Les reliefs de la partition se lisent sur son visage avant de s'entendre, sont accentués par un jeu volontaire parfois un peu présent, mais à la virtuosité sans faille.

Puis, arrive , très fin, très jeune. Visiblement un peu surpris d'être là, habité par une gêne étonnée qui dévoile un âge pourtant très vite oublié lorsqu'il se met au clavier ! Dans la Sonate n. 4, il impressionne avant tout par son écoute, Son corps ne bouge que très peu, sinon la tête, qui tourne parfois son air enfantin vers son partenaire pour mieux le suivre dans les méandres de cette œuvre. Les regards constants portés vers le violoniste semblent ici gages d'une grande connivence musicale, d'une attention bienvenue. Et son jeu n'est pas en reste. Certes peu déroutant, plutôt intérieur, il dévoile néanmoins de grandes qualités musicales, dans un jeu ample dont les phrasés larges semblent toujours maîtrisés. Une maîtrise des climats, sans démonstrativité mal placée, qui a su remporter l'adhésion tant des jurés que du public. Acclamation réitérée deux jours plus tard, lors de la grande finale, où le jeune pianiste a proposé une lecture au long souffle du deuxième concerto de Brahms, accompagné par l' dirigé par John Axelrod. Remportant le Premier Prix et le Prix du public, parmi d'autres, sa reconnaissance a été sans ombrages, à l'image de l'avenir musical qu'est en droit d'attendre , si il parvient à se faire la place qu'il mérite parmi les nombreux pianistes de la jeune génération.

Photo © David Wagnières – Concours de Genève

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