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Les inspirations napolitaines de Domenico Scarlatti

Ce disque nous rappelle tout ce que doit à sa terre natale napolitaine. Certes nous connaissons bien sa période espagnole où, de Séville à Madrid, il écouta et s'inspira des thèmes et des rythmes de l'Ibérie. Dans de nombreuses sonates, le chant du flamenco n'est pas si loin, et nombre de ses disciples suivront ses enseignements, dont le Padre Antonio Soler, le plus célèbre d'entre eux.

Ici le claveciniste propose un choix original d'une dizaine de sonates pour le clavier, choisies parmi ses 555 numéros, dont l'inspiration prend tout spécialement naissance dans des musiques issues du chant populaire napolitain. C'est toute la jeunesse de Scarlatti qui s'exprime ici, puisant mélodies et rythmes caractéristiques d'une effervescence ambiante hors du commun. La tarentelle n'est pas loin, ni la fameuse sicilienne avec son célèbre rythme à 6/8. On perçoit même certaines ramifications jusqu'à Händel, notamment dans l'air « Quand naquit l'enfant » d'Alfonso de Liguori, si proche d'un autre évoquant la nativité dans l'oratorio le Messie.

Afin d'illustrer au mieux ce rapprochement révélateur, notre claveciniste a proposé à la soprano Letizia Calandra de chanter quelques thèmes populaires napolitains. L'effet est instantané, évident même, Scarlatti ayant puisé directement son inspiration de plusieurs situations musicales. On appréciera la rhétorique des musiciens, depuis le jeu fougueux et chantant du claveciniste, porté par un instrument d'exception, d'esthétique napolitaine, bien entendu, précis, percutant, et envahissant à souhait l'espace sonore. Letizia Calandra elle, est parfaite dans son rôle, vibrant et sensuel, n'hésitant pas à dévoiler toutes les couleurs de sa voix, même dans les registres les plus graves, qui apportent une diversité et un panache époustouflants. Le luth apparaît ici ou là, en fonction des besoins pour dialoguer et compléter le jeu du clavecin, Michele Pasotti adopte un jeu raffiné et toujours efficace dans ses accents.

La voix de Letizia Calandra est captée avec beaucoup de présence, dans la belle acoustique de l'église de Colle di Torra. L'image sonore du clavecin est très large, enrobante, depuis le grave jusqu'à l'aigu. L'alternance des pièces inspiratrices et des sonates est de plus très harmonieuse sur le plan musical, et de plus, grandement pédagogique. Cet enregistrement est une pièce d'importance dans la connaissance du génie scarlatien.

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