De même qu'Abdel Rahman El Bacha nous avait proposé en son temps les œuvres pianistiques du plus jeune Chopin (Forlane, 1996), cet enregistrement nous invite à faire connaissance avec les premières musiques de chambre de Felix Mendelssohn. Dans un cas comme dans l'autre, si le génie est invité à attendre encore un peu avant de s'imposer sans conteste, nous recevons en cadeau une musique fort bien faite, très maîtrisée et déjà porteuse des plus grands espoirs. Les splendides lignes mélodiques, les diversités rythmiques, le sens de la construction, l'aisance du discours enrichissent déjà ces pages juvéniles. Et, presque certainement, l'un et l'autre ne doutaient pas vraiment du grand destin qu'ils pressentaient au fond d'eux-mêmes. Deux Quatuors avec piano, l'un en ré mineur, l'autre en fa mineur, composés au cours de l'année 1822, tiennent parfaitement la route et dispensent à l'auditeur une écoute réellement délectable, gracieuse et harmonieuse. L'auteur de ces partitions n'a que 13 ans !
Et même dix ans seulement au moment de la composition du Trio avec piano en do mineur. Les musiciens italiens de cet enregistrement nous offrent une bien plaisante récréation, chaque instrumentiste prenant soin de se souvenir scrupuleusement de l'état d'esprit et des capacités du jeune prodige. Leurs options de jeu, sobre et enjoué, dompté et naturel, mesuré et coloré nous permettent une incursion sémillante et pimpante dans l'univers germanique enrichi des contacts personnels avec des personnalités de la trempe de deux musiciens saillants, Friedrich Zelter et Carl Maria von Weber et de l'écrivain et penseur, Johan Wolfgang Goethe, un des chefs de file du mouvement Sturm und Drang. Cap donc sur le plaisir du beau son et la volupté de vivre de la jeunesse.