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Ciccolini et Langrée dans un Beethoven Allegro

L' a fait salle comble au Théâtre des Champs- Élysées pour un concert entièrement consacré à Beethoven réunissant Aldo Coccolini et , que plus de trente années séparent, le second ayant d'ailleurs été l'élève du premier.

L'Ouverture de Coriolan donna le ton du concert tout en en marquant déjà les limites puisqu'on y trouva une vivacité de tempo et d'articulation que le chef conserva jusqu'à la symphonie conclusive, en même temps qu'un certain déficit d'ampleur, parfois dû à un manque de cordes, ou justement à une rapidité de tempo qui réduisait le champ expressif. Ainsi l'ouverture, certes marquée dès le départ Allegro con brio sans aucune autre indication jusqu'à la fin, eut le défaut habituel de ce type d'interprétation uniformément Allegro con brio qui, paradoxalement, marque inévitablement une rupture de ton après la série d'accords introductifs, débutant une œuvre différente un peu rapide, ne donnant plus ensuite la moindre variation de ton, niant en quelque sorte le caractère « poème symphonique » de cette ouverture, jusqu'à une mort du général Coriolanus faisant quand même un peu pschitt.

Heureusement le Concerto pour piano n°3 fut bien plus consistant, du fait de sa structure même, et grâce à la part aussi importante prise par le piano dans la réussite expressive. appliqua la méthode depuis toujours gagnante, choisir un angle d'attaque et non plusieurs et y aller tout droit sans oublier de faire sentir à la fois la cohérence unissant toute l'œuvre et la progression du parcours entre la première à la dernière note. Cette manière noble et sans chichi de jouer Beethoven a toujours fait ses preuves et ce concert n'échappa pas à la règle. Certes, à bientôt quatre-vingt dix ans, le pianiste n'a peut-être plus l'infaillibilité de ses plus belles années, mais les quelques anicroches que nous avons remarquées pesaient peu face à la franchise du trait, à la clarté des plans sonores, à l'intensité et la variété dynamiques, à la couleur expressive. Comme l'équilibre entre piano et orchestre fonctionnait très bien, et que l'orchestre, aux cors à pistons mais trompettes naturelles, jouait sa partie avec précision et élan, on sortit bien plus satisfait du concerto que du Coriolan qui avait précédé de peu.

Dans la Symphonie n°8 qui conclut le concert on retrouva l'énergie et la motricité que le chef avait imprimées auparavant, ce qui allait fort bien à cette œuvre. Si cette fois-ci les trompettes avaient sagement retrouvé leurs pistons, on ne mettra évidemment pas sur ce détail le déficit d'équilibre entre les cordes et les vents qui frappa ici ou là cette interprétation, et qui en constitua le talon d'Achille. Cela se sentit plus franchement dans le premier mouvement, nous faisant quelque peu passer à côté du sommet d'intensité de cet Allegro vivace e con brio. S'il y avait moins de problèmes d'équilibre dans l'Allegretto scherzando, un peu plus de saveur n'aurait pas nuit. Chef et orchestre se retrouvèrent plus à leur affaire dans les deux mouvements conclusifs, achevant avec un évident entrain une interprétation globalement plaisante qui avait été précédée par l'exécution de trois Équales écrites originellement pour trombones en 1812, données ce soir en version pour violoncelles. Destinées aux enterrements, ces trois pièces, fort courtes, et d'inspiration moins haute que le reste du concert, semblèrent un peu égarées dans ce programme, mais permirent sans doute aux quatre violoncellistes de l'orchestre de se faire un petit plaisir que nous partageâmes avec eux.

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