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Œdipe ou la monotonie selon Carl Orff

Quelques mois seulement après l'album « Portrait d'une légende », le label Profil exhume de nouveau un document rare de la grande : Oedipus der Tyrann, opéra tombé dans l'oubli de , enregistré en octobre 1961 à la radio de Hambourg.

Si les Carmina burana sont une des compositions classiques les plus populaires du XXe siècle, l'œuvre lyrique de est presqu'inconnu en dehors des frontières allemandes. Trop axées sur la langue, et notamment sur sa valeur rythmique, ces pièces ont du mal à conquérir un public non germanophone. Cela vaut particulièrement pour les trois tragédies antiques, Antigonae, Oedipus der Tyrann et Prometheus, créées respectivement en 1949, 1959 et 1968.

Mais à vrai dire, l'écoute de cet opéra s'avère une rude épreuve même pour un auditeur germanophone. Pour « faire antique » Orff évite soigneusement tout ce qui pourrait ressembler à une ligne mélodique au profit d'une déclamation rythmique du texte de Sophocle, présenté ici dans la traduction allemande de Friedrich Hölderlin. Ainsi, pendant de longs passages, les chanteurs s'articulent sur une seule note avant de risquer quelques échappées plutôt abruptes envers le registre aigu ou quelques vocalises. L'orchestre, essentiellement constitué de bois et de percussions, ponctue cette récitation d'accents rythmiques.

Nous admirons d'autant plus la performance de Marta Mödl réussissant à dégager de cette musique si particulière un maximum d'émotion. De sa voix de bronze, idéale pour tout rôle de tragédienne, Mödl incarne une Jocaste profondément humaine, captivante jusque dans ses interventions parlées. A ses côtés, , en très bonne voix, campe un Œdipe déchiré comme il faut. Au pupitre de l'orchestre de la radio de Hambourg, , fait ce qu'il peut pour donner vie à cette musique. Mais la monotonie y est… inévitablement.

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