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Les hommes sauvages de Josef Nadj à la Biennale

Pour sa nouvelle création, OZOON, commande de la Biennale du Val-de-Marne, renoue avec l'esprit absurde de ses débuts, tout en restant proche des improvisations artistiques de ces dernières années.

Le dispositif scénique imaginé par le chorégraphe est original. Des gradins sont disposés tout autour d'une scène circulaire, dans laquelle sont encastrés deux musiciens multi-instrumentistes (percussions, cordes frappées…) dont le compositeur . L'espace restant disponible pour les trois danseurs est limité, d'autant qu'ils sont vêtus de combinaisons rembourrées qui les font ressembler à des bibendums Michelin. A la faveur d'une trappe aménagée dans le décor, ils se dépouillent de leur matelassage pour se retrouver en costume noir – attribut traditionnel des spectacles du chorégraphe d'origine hongroise.

En symbiose avec la musique, et ses deux acolytes improvisent plus qu'ils n'interprètent une chorégraphie inspirée de l'esprit des « Wilder mann » photographiés deux hivers durant par . Le photographe, dont les clichés sont exposés au Mac Val jusqu'au 26 mai, s'est en effet intéressé à une tradition ancestrale du vieux continent, ces hommes sauvages qui se vêtent de peaux de bêtes entre Noël et l'Epiphanie pour chasser les mauvais esprits.

Munis de violons ou de cornets, soufflant sur des herbes folles, ces sauvages se détournent volontairement de la dimension exotique ou documentaire du travail plastique (et en couleurs) de . Ils en conservent en revanche l'étrangeté et la dimension fantastique, formant tantôt une bête à trois têtes, tantôt un animal féroce. Evoquant les traditions des alpages, comme le prouvent les licols munis de cloches dont leurs épaules se chargent, les danseurs se rapprochent d'une animalité dont nous ignorions la véritable présence sur le plateau. Descendant des cintres, une cage nous en réserve la surprise à la fin du spectacle…

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