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Un concerto de Brahms qui a fière allure avec Lisa Batiashvili

Nouveau patron de la , va sans doute s'appliquer à faire connaitre leur travail commun par le disque, tant qu'il en reste par ces temps de sinistrose. C'est le cas avec ce nouvel enregistrement du concerto pour violon de Brahms publié par DG, éditeur habituel du chef, où les saxons et leur chef berlinois accompagnent la violoniste géorgienne .

Comme tous les chevaux de bataille du grand répertoire classique, le concerto de Brahms est déjà largement servi au disque, ce qui rend le positionnement de tout nouvel enregistrement délicat à trouver entre souci de faire simplement bien ce qui est écrit au risque de faire comme les autres, ou volonté de se démarquer en tentant de trouver des voies moins usitées, au risque cette fois de tomber à côté. L'écoute de ce nouveau CD sous étiquette jaune nous montre que la première option peut encore donner de belles choses quand elle est défendue comme ici avec conviction, talent et panache et qu'on peut ainsi prendre un réel plaisir à entendre un « enregistrement de plus » de ce superbe concerto, où la seule originalité serait l'utilisation de la cadence de Busoni pour le premier mouvement.

Evident point fort de cette nouvelle version, la consistance et la cohérence de la vision du chef et de la soliste qui nous emmènent de la première à la dernière note sans nous faire changer d'œuvre entre les mouvements, pas plus que dans le long premier mouvement qui garde ainsi toute sa force et sa cohésion. Le ton est volontiers vigoureux voire héroïque, et malgré la puissance déployée, échappe à toute sensation de pesanteur. Le tempo choisi plutôt allant propulse constamment l'œuvre vers l'avant, et même si on peut penser que l'Adagio peut être encore plus émouvant quand il est un peu plus retenu, il fait preuve d'une incontestable tenue et le final va aussi loin que le ma non troppo vivace demandé par Brahms le permet. Autre point fort, le respect des proportions et des nuances, entre les passages puissants ou lyriques, mélodiques ou rythmiques, urgents ou détendus. Navigant sans hésitation entre ces différents climats musicaux, les interprètes réussissent à rester constamment expressifs et l'attention ne faiblit jamais.

L'auditeur appréciera également la qualité des timbres du Stradivarius de qui appartint jadis à Joseph Joachim, le créateur de l'œuvre en 1879 à Leipzig. Si la violoniste n'essaie pas de jouer ce concerto plus lumineux que nature, elle réussit en revanche a donner une épaisseur charnelle au médium et au grave qui transmet une vibration intérieure qui ne manque pas d'intensité. Quant à la Staatskapelle saxonne elle est au niveau d'excellence où on l'attend, prenant toute sa part dans la réussite de cet enregistrement; dont on peut noter si on tend l'oreille, une légère tendance à jouer sur la perspective sonore, sans doute dans le but d'améliorer l'équilibre soliste orchestre, déplaçant du coup le centre de gravité de l'un à l'autre.

On ne prétendra pas que cette nouvelle version change la donne d'une riche discographie, elle n'en avait certainement pas l'ambition, seulement celle de bien faire. Et de ce point de vue elle se tient très bien, et il est difficile de la lâcher une fois commencée. Rejointe par Alice Ott, la violoniste offre un original complément de programme avec trois Romances pour piano et violon de dont on connait le lien avec Brahms.

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