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Le Marathon Bach de Sir John Eliot Gardiner

Sous la direction artistique de Sir , débute à Paris le Marathon Bach, continuation idéale de celui inauguré à Londres le 1er avril au Royal Albert Hall.

Deux jours, samedi et dimanche, consacrés au répertoire aussi sublime que varié de  dont à la fin de la première journée on aura entendu de la musique instrumentale avec les partitas pour violon solo et les Variations Goldberg pour clavecin, de la musique de chambre avec le concerto pour violon en la mineur et le concerto pour deux violons en ré mineur et enfin de la musique chorale avec deux cantates et un motet.

lance le marathon dans un amphithéâtre mi-vide. Le matin n'étant pas notoirement favorable aux instrumentistes, le son du violon est un peu dur tout au long des premières danses de la Partita n° 3 en mi majeur. Seulement après l'entracte la violoniste retrouve une plus belle sonorité. La Partita n° 2 en ré mineur avec ses remarquables passages accordales dans la « Sarabanda » et le travail de précision qu'impose la « Ciaccona » sont, en fait, un excellent exemple de virtuosité et pureté sonore.

En début d'après-midi la claveciniste se livre à une interprétation des Variations Goldberg qui sera probablement saluée comme étant la plus longue jamais entendue (environ 1h40'). Dès le début elle semble adopter une excessive prudence sur le choix des tempi. Après l'élan de la première variation qui la détache de l' « Aria », suivant une tendance générale des pianistes, elle ralentie les tempi des trois premières variations jusqu'à considérer la variation n° 2 comme un tempo alla breve. Si avec l'emploi de tempi pas trop différents, l'interprète souligne la similarité de certains variations, la même typologie de danses instrumentales ou le même caractère du mouvement, l'excès de stabilité rend l'écoute trop lourde. Cela malgré l'utilisation d'un magnifique exemplaire de clavecin à deux claviers signé Jean Henri Hemsch appartenant à la collection du Musée de la Musique.

Une intéressante leçon de musique de Sir Eliot Gardiner prélude au concert final au caractère autant sublime que transcendant. L'émotion du chef d'orchestre, sa passion pour cette musique divine envahie l'auditorium. Il ne se limite pas à interpréter Bach mais il le fait revivre avec une force et un sentiment inédit. Tout au long du concert la voix des instruments fusionne avec la voix du chœur. On retrouve la perfection des proportions, un incroyable et naturel jeu de dynamiques, un équilibre absolu entre le deux chœurs. Dans la Cantate Ich habe genug la voix de basse de Tom Appleton dialogue avec le hautbois soliste () créant une tension entre la musique qui avance et le texte qui exprime le congé d'un homme. Malgré son désespoir, Bach insuffle dans cette musique beaucoup de sérénité au point que le final peut être considéré, selon les mots de Sir Gardiner, comme la plus haute expression de l'extase et de la joie. Ce même optimisme caractérise la Cantate Chist lag in Todes Banden où un puissant contraste d'atmosphère au début du versus 3, se termine avec un « Halleluja » délirant. Comme dévorées par le combat idéal entre la vie et la mort, les voix du chœur semblent s'éteindre graduellement. Les basses entonnent alors, des notes aigues très rares pour ce registre. Afin de partager avec les musiciens « l'allégresse » qu'une telle musique inspire, Sir Eliot Gardiner invite le public à chanter avec le chœur. L'effet est magique !

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