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Celibidache époque « classique » joue Brahms

En 1952, date de cet enregistrement live publié sous son propre label par le l' (Wiener Symphoniker), Sergio Celibidache venait de rendre officiellement la baguette du Philharmonique de Berlin à Wilhelm Furtwängler, et assurait bien des engagements avec d'autres orchestres comme ici, à la tête du Symphonique viennois dont le chef titulaire n'était autre qu'Herbert von Karajan, rival finalement victorieux du Roumain à la succession de Furtwängler à Berlin. Avec cette Symphonie n°1 de Brahms il dirige un des chevaux de bataille des deux chefs sus cités, l'aîné ayant laissé de cette même époque des enregistrements légendaires (Hambourg 1950, Berlin 1952), le cadet l'ayant énormément pratiquée toute sa vie et particulièrement dans ces années 40-50 (un premier enregistrement date même de 1943 avec le Concertgebouw d'Amsterdam).

L'écoute des Celibidache et Karajan de la maturité montre deux chefs très différents avec des styles très typés qui d'ailleurs se démarquent plus ou moins fortement de celui de Furtwängler même si ce dernier restera leur inaccessible modèle toute leur vie. Mais en ces années 50 les ressemblances sont plus frappantes et le modèle Furtwängler est ici bien plus évident. En particulier dans les choix de tempos qui ne trainent jamais et dans l'animation que met dans chaque mouvement. Il n'hésite pas à franchement accélérer le rythme quand la phrase l'y pousse ou a contrario à suspendre le temps le temps d'une respiration. Les phrasés puissants et virils ne laissent aucune place à l'hédonisme, pas plus que la puissance de l'orchestre ne laisse échapper à l'auditeur l'héroïsme glorieux ni l'héritage beethovénien de cette musique. En somme un Brahms parfaitement idiomatique et finalement « classique ».

Du coup cet enregistrement se prend de plein fouet les versions Furtwängler cités plus hauts pour rester avec ses contemporains, et il faut reconnaitre qu'il ne peut luter à la fois contre l'inspiration et le génie musical du chef allemand ni contre la qualité de ses orchestres, car malheureusement le Wiener Symphoniker n'est pas toujours parfait, avec des cuivres manquant de netteté, des bois parfois hésitants, sans parler d'une intonation ici où là flottante. Cela réserve donc cette parution au collectionneur qui retrouvera ici un Celibidache « première période », sans surprise pour cette époque de sa carrière, avec un éclairage bien documenté dans le livret sur la collaboration du chef roumain avec le Symphoniker.

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