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Berio structuré et Mahler orgiaque à Paris

La Sinfonia de Berio et la Symphonie n°1 de Mahler mises en regard, c'est un peu le Nouveau Roman comparé à Huysmans : d'un coté l'hommage à la forme dans un langage renouvelé, de l'autre l'expression finale d'un style.

Force est de constater la montée en puissance du (l'orchestre « flamand » de la capitale belge) depuis que en a pris les rennes. De Berio à Mahler la souplesse des cordes, la puissance des cuivres et l'homogénéité des bois est une évidence. Un exploit quand on sait le passé mouvementé de cette formation, créée en 1935 sous l'égide de la radiodiffusion belge (alors fédérale), devenu ensuite Orchestre philharmonique de la BRT (organisme public de radiodiffusion belge en langue flamande), dissout dans les années 90 et ressuscité en 2002 sous son nom actuel. A l'image de Bruxelles, l'orchestre est cosmopolite, puisque 23 nationalités s'y côtoient.

Dans la Sinfonia, avec l'aide du groupe , se refuse à toute orgie sonore. Le discours est extrêmement structuré, clair et lisible. Les voix, loin d'être surexposées, sont telles un instrument supplémentaire de l'orchestre, dans l'esprit originel que le compositeur désirait (« sinfonia » : jouer ensemble). Nous sommes loin du volcanisme de Mario Venzago avec l'Orchestre philharmonique de Radio France et les Swingle Singers dans le même lieu en 2006. traite l'oeuvre non plus comme un joyeux happening des années 60 mais comme un « monument » du répertoire, un grand classique de la littérature pour orchestre. Effectivement, plus de 40 ans après sa création, il était temps de porter un tel point de vue sur la Sinfonia.

A l'inverse la Symphonie n°1 de Mahler par Tabachnik et le BPO verse dans le post-romantisme excessif, l'épanchement lyrique à outrance et le déversement de décibels. Une lecture extravertie, tour à tour virulente, expansive et orgiaque. Les timbres de l'orchestre sont magnifiés, mais la tendance « structuraliste » du chef d'orchestre est toujours là : rarement la polyphonie du troisième mouvement, avec son fameux « Frère Jacques » en mineur et en canon, n'a paru aussi clairement lisible.

Les prochaines venues du , en résidence  à la Cité de la Musique, promettent une fructueuse rencontre entre Wagner et Stockhausen. Tous à vos agendas.

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