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Le Chabrier brillant mais classique de Neeme Järvi

Les designers des pochettes de disques ont souvent le feeling : ce que vous voyez en images, vous le retrouvez en artistique : le Chabrier brillant mais classique de , comme le Bassin de Neptune de Versailles.

Le nouveau directeur musical de l' reprend à son compte les affinités que cet orchestre avait eu autrefois avec Ernest Ansermet. Mais s'appuyer sur un art de faire ne suffit pas à faire de l'art. On ne sera toutefois pas très sévère en écoutant ce pénultième enregistrement de , certainement le plus prolifique de tous en matière de production acoustique. Utile ce Chabrier ?

Les productions consacrées au génial français ne brillent pas par leur multiplicité, contrairement à cette musique scintillante et imaginative. Aussi, pour aller jusqu'au bout d'un tel feu d'artifice sonore, il faut bien plus de feu que d'artifice, et c'est là le problème. Avec , nous sommes quasiment sûrs d'une leçon de philologie musicale, mais aussi ce qui va avec, d'une quasi absence de génie interprétatif. Cette notion de « génie interprétatif », peut-être facile à dire et un peu prétentieuse, suggère pourtant que la seule lecture de texte empêche bel et bien sa transcendance. La prise de son fait souvent illusion, surtout pour ce genre de musique : moyen facile d'y parvenir, elle rajoute une couche de vernis à l'original. Mais derrière tout cela, parfois grâce à cela, si le chef met le feu au texte, le résultat final est somptueux. Tout est bien rendu avec Järvi, et les habitués retrouveront la prise de son caractéristique du label anglais. Le chef ne cède pas à la vitesse pour tomber dans l'esbroufe ; il va chercher au-delà, heureusement. Sans toutefois parvenir à l'exaltation sans limites qu'est à même de prodiguer Paul Paray dans son inoubliable prestation éditée par Mercury des années 60. Dommage pourtant de bouder son plaisir avec ce Chabrier-là, loin d'être inutile.

 

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