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Paul Daniel prend les rênes de Bordeaux

Curieux choix, pour son premier concert en tant que directeur musical de l'Orchestre national Bordeaux-Aquitaine, que ce doublé Purcell / Mahler, qui commence par un service funèbre et se termine par une oraison mystique sur le sens de la vie. Peut-être aurait-on souhaité programme plus optimiste, mais le rendu sonore de la soirée, quelles que soient les œuvres, laisse entrevoir un avenir plus que radieux pour l'ONBA et son nouveau chef.

L'entrée en matière se fait progressive et de façon dramatique. Le quatuor de cuivres (et le tambour) de la Musique pour les funérailles de la Reine Mary se font entendre en coulisses puis avancent progressivement à chaque entrée avant d'être clairement visibles (et sonores) pour la dernière partie. Le chœur (pour cette œuvre uniquement celui de l'Opéra, en disposition réduite) s'adapte bien à cette vocalité toute en retenue. L'orchestre, au grand complet, reste dans la pénombre. Les projecteurs pleins feux alliés au premier accord fortissimo de la Symphonie n°2 réussissent leur effet dramatique. D'emblée le spectateur est frappé, voire plaqué à son siège, par la puissance sonore de l'ONBA quand il est poussé à son maximum. Certes le nouvel auditorium a une acoustique flatteuse et permet enfin à cette phalange d'avoir un lieu de travail digne de ce nom.

avec Mahler ressemble un peu à Bernstein qui aurait dialogué avec Boulez et Harnoncourt. Du premier il prend la lecture d'ensemble de l'œuvre, soutenue par un souffle épique, trouvant les liens entre les mouvements – et les parties de chaque mouvement – pour les unifier.  Du second il retient un équilibre parfait des plans sonores et une lisibilité très claire de la polyphonie : là où d'autres ont tendance à faire du magma symphonique reste toujours maître de ses (nouvelles) troupes. Du troisième enfin on retrouve les attaques et articulations presque surjouées, donnant ainsi un Mahler dégraissé, vif, alerte, débarrassé d'un sentimentalisme trop fort. Parfois cela peut sonner un peu trop sec, les cordes manquent encore de velours, mais un son d'orchestre ne se crée pas du jour au lendemain. Le chœur, réunissant celui de l'Opéra et l', se sort avec les honneurs d'une partie aussi courte que redoutable. Regrettons toutefois cette mode persistante de caser le pupitre de basses systématiquement au fond, le plus loin possible du chef et du public, qui crée un déséquilibre entre les pupitres avec des sopranos omniprésentes. Mentionnons enfin les deux solistes, , aux aigus stratosphériques, et qui, sans afféteries et sans forcer ses moyens, nous livre un Urlicht bouleversant.

© Frances Andrijich

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