Avec Bruckner, le pianiste-chef Daniel Barenboim atteint un haut et rare degré de maturité musicale dans la compréhension de l'œuvre du maître de Saint-Florian. Auteur de deux intégrales de ses Symphonies avec les orchestres de Chicago (DGG) dans les années 1970 et Berlin (Teldec) dans les années 1990, il remet constamment, sur le métier, son approche de Bruckner.
Ce DVD Accentus, tiré d'une série nommée « The Mature Symphonies », laisse présager d'une nouvelle fournée de captations. On ne peut que s'en réjouir tant Barenboim y est à son meilleur.
Au fil du temps, le Bruckner du chef se fait plus allant : cette interprétation passe sous la barre des 70 minutes. Pour les statisticiens, on notera que Barenboim est désormais un brucknérien rapide, plus rapide que ses contemporains qui se risquent dans cette œuvre exigeante. Dès lors, sa maîtrise de la structure alliée à cette direction qui avance inéluctablement, imposent une interprétation à la fois assez brute, mais très travaillée dans les détails. En effet, au fil des ans et des concerts, le musicien sait modeler les pupitres pour laisser transparaître un océan de nuances et de détails.
Avec la Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim peut compter sur un orchestre qui, comme son chef, maîtrise les moindres recoins de cette symphonie. Outre une sonorité des plus esthétiques et séduisantes, la précision des pupitres, et en particuliers des rangées de cuivres, dépasse tous les superlatifs possibles. La captation, réalisée dans la grande salle de la Philharmonie de Berlin, est plaisante et musicale.
En DVD, la Symphonie n°5 de Bruckner est assez gâtée avec de très belles lectures des grands anciens (Celibidache-Sony ou Wand-TDK) ou des chefs de notre époque : Abbado-Accentus ou Welser-Most-Arthaus. Cependant, ce concert berlinois est indiscutablement un incontournable de la vidéographie.