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Besançon : Guillaume Coppola et Arie Van Beek dans des classiques viennois

Réunis autour d'un orchestre de taille réduite idéal pour capter l'esprit de cette fin de Siècle des Lumières, les musiciens de l' ont donné le meilleur d'eux-mêmes face au chef invité hollandais, l'excellent . Après un avant propos contemporain du viennois et son Mozart auf und davon, aux goûts de pastiche en forme d'hommage à la Vienne des Mozart et Haydn, pastiche parfois très proche (mouvement 1) ou plus humoristique (mouvement 2), le très attendu s'est mis au clavier pour jouer le concerto n°27 de Mozart, le dernier de la liste.

Né à Besançon, c'était avec un public sûrement conquis d'avance que , étoile montante du piano français, un peu stressé tout de même, s'est lancé à la conquête du très difficile concerto. Non pas que l'œuvre nécessite une virtuosité transcendante, mais comme bien souvent pour le génial autrichien, l'écueil consiste à mener son interprétation selon une ligne non écrite où pratiquement rien n'est explicite mais où tout est à inventer. Quelque peu desservi par une sonorité instrumentale inégale, suit la voie de la sagesse, du classicisme. Une approche linéaire qui a son intérêt, très objective mais qui propose une direction un peu attendue et sans surprise. Une prudence qui se défend mais manque au fond de caractère, de personnalisation.

Retour sur le symphonique pur avec la symphonie en ré majeur du chevalier de Saint-George. Trois mouvements courts pour une dizaine de minutes durant lesquelles l'art de la direction de tisse un lien remarquable avec un ensemble instrumental qui n'est pas le sien. Visiblement charmés et ravis de jouer sous sa conduite, les musiciens de l'OVHFC captent la légèreté, la dynamique et les phrasés du chef qui a le mérite de ne pas jouer cette musique comme du Mozart ou comme du Haydn. C'est-à-dire de forcer le texte pour en gonfler l'intérêt. Cette symphonie est bien du Saint-George, et cela nous convient parfaitement.

Morceau de choix pour conclure : la symphonie n°94 de . a tout compris de cet univers, fait de préromantisme, anticipateur de Beethoven mais invariablement ancré dans la tradition des décennies qui l'ont précédée. Les articulations sont là, l'équilibre indispensable, la dynamique, mais aussi l'humour subtil de Haydn qui échappe souvent aux interprètes, même aux plus grands. La « surprise » fait toujours son effet. Le Menuetto (bissé) sonnait appuyé mais sans lourdeur, et le finale, comme le Vivace initial, envolé.

Situé à même le sol, sans estrade, parfois sans baguette, Arie Van Beek, sourire aux lèvres, élégant dans ses gestes à la large battue, aurait-il volé la vedette à Guillaume Coppola ?

Crédit photographique : © Emilie Mille

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