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Penderecki par Penderecki : les symphonies

D'abord sorties au détail, voici enfin réunies en coffret les symphonies « complètes » de .

En réalité huit moins une car le numéro 6 manque encore au catalogue puisqu'elle n'est pas composée ou inachevée à ce jour et devrait être un hommage à la nature, sorte de « Pastorale » polonaise. Rappelons brièvement les dates de compositions de ces œuvres monumentales : symphonie n°1, 1972-1973 ; n°2, 1979-1980 ; n°3, 1988-1995 ; n°4, 1989 ; n°5, 1991-1992 ; n°7, 1996 ; n°8, 2005. Au total, plus de trente années d'une vie de création au langage musical évolutif.

Il a souvent été reproché à Penderecki sa volte-face stylistique brutale, au tournant des années 80, lorsque qu'il a sacrifié sur l'autel son époustouflante modernité des années 60-70 pour une musique plus « abordable », plus « populaire », mais qui synthétise heureusement dans certaines parties les deux techniques. Quoique l'on en pense et quoique l'on préfère, il a depuis cette mutation accumulé prix et honneurs et est devenu une gloire nationale en Pologne et dans le monde entier. Le corpus symphonique se trouve donc être un miroir de cette évolution, dans lequel l'auditeur trouvera ou non, intensément ou faiblement, un reflet de ses attentes correspondant à sa sensibilité et à sa disponibilité auditive à un moment donné.

La direction d'un compositeur de ses propres créations est toujours symptomatique. On ne peut en tout cas pas lui reprocher de l'indifférence ou de la négligence. Le Polish Sinfonia Iuventus Orchestra, tout jeune orchestre créé en 2007 et composé de musiciens dont l'âge est inférieur à 30 ans, est un atout indéniable, tout à l'écoute des intentions artistiques du maître. Peu de concurrence discographique nous aide à établir des comparaisons concernant l'interprétation des symphonies. Seul chez Naxos, par sa quantité et sa qualité, est à même de servir d'aune interprétative. Mais finalement, il y a peu de différences fondamentales. Penderecki semble davantage attaché aux détails, fouille les parties instrumentales dans le moindre détail, donne une intention à chaque partie. C'est un travail en creux, dont le contenu émotionnel trouve son évidence par la proximité du créateur et de son œuvre. Les solistes présents dans les symphonies n°7 et n°8 (ici dans une version complétée) brillent par leur présence, et c'est à peine si l'on pourra faire une remarque à propos de la prise de son trop réverbérée de la n°7 captée dans une basilique. Le geste interprétatif est large, très noir, donne le poids du vécu et de l'histoire polonaise. Ici ou là, on saisira les influences d'autres auteurs – Chostakovitch, Mahler, Brahms… – mais les couleurs de Penderecki, uniques, demeurent.

Sans doute une référence, pour longtemps, qui servira de point de repère discographique.

Cet enregistrement a été choisi par la rédaction de ResMusica comme « Clef des Clefs d'Or ResMusica 2013 : l'enregistrement de l'année »

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