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Judith Ermert et le violoncelle retrouvé d’Hindemith

Il y a 50 ans, décédait. Si les célébrations anniversaires consacrées à cet auteur sont plutôt discrètes, écrasées par ses glorieux aînés Verdi et Wagner, quelques artistes prennent le risque de s'aventurer à satisfaire notre goût pour l'inédit ou le méconnu. C'est chose faite avec cet album consacré à une partie des peu nombreuses créations du compositeur allemand pour le violoncelle. Hormis un unique concerto, la musique de chambre sera mieux servie avec cependant une sonate soliste, deux avec accompagnement de piano, et quelques rares pièces complémentaires dont les Variations et l'opus 8 ici présents. Présentées dans l'ordre chronologique, on aura l'opus 8 (1917), l'opus 11 n°3 (1919/20), l'opus 25 n°3 (1923) et les Variations (1941). Bien sûr, l'évolution de l'écriture se fait aisément entendre entre les trois pièces de l'opus 8, nettement postromantiques, la sonate en solo qui commence déjà à prendre ses distances et le franc bond en avant de la première grande sonate avec piano.

, suivie par son partenaire pianiste , s'immerge dans cet univers bien rempli de couleurs et de rythmes inventé par Hindemith en suivant avec intelligence cette évolution stylistique. Les Variations tardives gardent l'esprit enfantin et narratif qu'il convient, sans pesanteur d'archet ni lourdeur narrative : de ce thème à 12 variations, on peut aisément oublier leur thème illustratif, le galop du rat, le bourdonnement du bourdon, le déhanchement de l'oie dandinante, les bons de la puce, la fuguée poursuite du chat et le tortillement du serpent, tant la musique peut suivre un autre chemin que celui du conte pour enfant. C'est l'art d'Hindemith mais aussi de son interprète.

La Sonate pour violoncelle seul qui fait partie de la série des sonates pour cordes laisse à son tour parler la musique du maître, sans forcer le texte. C'est le meilleur moyen d'y apprécier le jeu intense mais sans excès de . Les trois pièces opus 8 bénéficient également de cette approche : au travers d'une écriture nettement postromantique, la boursouflure guette en effet à chaque mesure, et retenir son et élan demeure bien plus ardu que s'y lancer à corps perdu. Enfin, la sonate avec piano synthétise la grande manière d'Hindemith et assoie complètement la maîtrise de la violoncelliste pour instaurer un brillant dialogue avec le piano qui lui aussi retient sa puissance dans la recherche d'un bon équilibre, sans rapport de force.

Ne manque à l'appel, pour parfaire notre plaisir, que la sonate en mi majeur de 1948. Elle fera, on l'espère, l'objet d'un enregistrement complémentaire.

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