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Florez à Essen : Sur les pas d’Alfredo Kraus

C'est un  inhabituel qui se présente au public de la Ruhr en cette soirée de fin-novembre. Point de Rossini au programme, mais Tosti e Donaudy, Händel et Donizetti, voire Meyerbeer et Verdi. Du coup, les acrobaties vocales – jusqu'ici la griffe du ténor péruvien – passent au second plan. Certes, le suraigu reste impressionnant de facilité et de flamboyance, mais nous admirons également la beauté d'un médium plus rond que jamais ainsi que son sens du phrasé et des nuances. Les mélodies de Tosti prennent ainsi un caractère intime tout à fait bienvenu, tout comme l'air de Jupither, extrait de Semele, murmuré  dans une sublime mezzavoce. L'air de Raoul (Les Huguenots), au légato particulièrement soigné, révèle le côté romantique du ténor, la grande scène de Roberto Devereux apportant une touche d'héroïsme au programme. Sans oublier un magnifique extrait de Jérusalem et trois airs de zarzuela, interprétés avec une verve rappelant le grand .

Au piano, nous retrouvons , fidèle accompagnateur de monstres sacrés tels que Carlo Bergonzi et Renata Scotto à l'automne de leur carriére. Pianiste expert et musicien sensible, il sait se faire remarquer, sans faire ombre au ténor vedette.

Le public, à la fin, se montre enthousiaste, obtenant vite trois bis : une mélodie de Rossini, le fameux air de Lyonel, tiré de Martha, chanté en italien et couronné d'un contre-ut surprenant, ainsi que l'infatigable « La donna è mobile ». Dommage qu'ensuite la salle se vide aussi vite, la soirée se terminant ainsi sans les neuf contre-ut de la Fille du Régiment.

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